C’est le genre de témoignage qui est incontestable. Que dire à quelqu’un dont la fille adoptive est assassinée par un délinquant sous bracelet électronique ? Comment ne pas admirer dès le départ cette ferme résolution, prise en couple, « de fermer la porte à la haine et d’en jeter la clé » ? Il faut préciser que le père est pasteur, suisse ayant longtemps exercé en France. Les témoignages de sympathie, venus de près ou de loin, sont admirables : cette mort, et une mort aussi révoltante, nivelle tout, elle suscite par contrecoup une fraternité elle aussi incontestable, venue de tous bords.

Le récit alterne les chapitres autour du processus de deuil avec ceux qui, en flash back, rappellent la vie pétillante de Marie, rayon de soleil venu de Madagascar. Un élan de vie bouillonnant, avec ses promesses et ses désordres, comme pour tous les jeunes de 19 ans et moins. Un élan stoppé en plein vol… par un vol, celui de sa vie, tout ce qu’elle avait.
Les souvenirs sont ravivés dans une ambiance colorée entre la Suisse, la Provence, la Corse, la banlieue parisienne, voire la Californie. C’est peut-être un peu trop « perso », mais jamais ennuyeux.
Roland Giraud, connu comme acteur et un peu moins comme protestant, a préfacé ce livre. En effet, on s’en souvient, avec sa femme il a traversé la même fournaise à la suite de l’assassinat crapuleux de leur fille Géraldine. Solidarité dans l’épreuve, et dans la-foi-malgré-tout.
Le livre se termine sur une note d’espérance : l’horreur ne sera pas effacée, mais elle peut être traversée, avec la force surhumaine que donne la foi en Jésus-Christ. N’oublions pas qu’il est le prototype de tous les assassinés du monde.
& Antoine Schluchter : Je te salue Marie, ma fille -19 ans, un jour et l’éternité. Favre, Lausanne, 2014.