À l’occasion des funérailles de Nelson Mandela, le chevalier blanc du socialisme, François Hollande, a invité le président de droite aux noirs desseins, Nicolas Sarkozy, à l’accompagner en Afrique du Sud. Tous les deux, oui, mais pas dans le même avion…
Rétrospective sur un événement à réinterpréter à la lumière des récentes recommandations de la Cour des Comptes.
En décembre dernier, désirant redorer son blason d’humaniste de gauche, François Hollande n’a rien trouvé de mieux que d’inviter son prédécesseur, Nicolas l’Innommable que, depuis quelque temps, il re-parvient à nommer, à venir se recueillir devant la dépouille du vainqueur de l’apartheid. Notre Président souhaite marcher sur les traces du grand homme, réconcilier les contraires, le noir et le blanc, l’enfer et le paradis, l’iniquité et la justice… Il faut reconnaître que ces derniers mois ont, depuis, continué à estomper les différences entre les deux régimes, ceci expliquant peut-être cela.
On aurait pu penser que M. Hollande permettrait à M. Sarkozy de faire un petit vol-nostalgie dans Air Sarko One, rebaptisé Air Hollande One (rien à voir avec la KLM, qui a d’ailleurs fusionné avec Air France). Las ! L’abolition de l’apartheid à la française n’aura pas poussé l’extrémisme jusqu’à partager le même avion pour faire le trajet. Apartheid aérien à la française, donc.
En ces temps de disette budgétaire et d’économies à faire, on eût pu penser que l’ex et l’actuel condescendraient à faire du coavionage. Ne sont-ce pas nos autorités qui nous culpabilisent de nous offrir des vacances à empreinte écologique excessive ? Ne sont-ce point elles qui nous exhortent à faire du covoiturage pour aller au boulot afin d’économiser les précieuses ressources pétrolières dont on nous dit qu’elles seront épuisées dans quarante ans ? Ne sont-ce point elles qui, faute de résorber le chômage, ont fait que les Français passent davantage leurs vacances dans l’hexagone (au demeurant riche en paysages somptueux et variés) ou même qu’ils ne partent plus du tout en vacances ? Ne sont-ce point elles qui s’apprêtent à châtier les détenteurs de vieilles guimbardes énergivoraces ? Et n’est-ce point la Cour des Comptes qui vient de fustiger les détenteurs de billets SNCF gratuits ou fortement réduits ?
I had a dream…
Mais… mais voici que les services de la Présidence, piratant mon ordinateur tandis que j’écris, ont transmis en temps réel les lignes que je couche sur mon écran, et les ont fait connaître à MM. Hollande et Sarkozy. Et voici que, repris dans leur conscience par la justesse de mes interrogations, tous les deux ont décidé de rédiger ce communiqué dont l’Élysée me donne la primeur, afin de la faire connaître sans tarder à mes lecteurs :
Présidence de la République française, le 9 décembre 2013
Ayant eu connaissance de l’article de Monsieur Malidor, les Présidents Hollande et Sarkozy ont subitement pris conscience de l’incongruité de leur voyage aller dans deux avions séparés, voyage qu’ils ne peuvent plus, à l’heure qu’il est, annuler.
Cependant, afin de complaire à Nicolas Hulot et au citoyen Malidor, ils ont immédiatement pris contact avec le Musée des Automobiles Peugeot, afin de rééditer l’exploit réalisé naguère par André Mercier et Charles de Cortanze : le 12 janvier 1951, partis du Cap quelques semaines plus tôt, ces deux héroïques automobilistes franchissaient la porte d’Italie à bord d’une 203 Peugeot commerciale en parfait état de marche.
Cette automobile existant toujours et ayant survécu à ce raid hors du commun, MM. Hollande et Sarkozy, dans un souci d’économie et de fraternité républicaine, ont décidé de faire le retour dans ce vénérable véhicule (avec une étape en Centrafrique) qui, absolument dépourvu d’électronique, devrait pouvoir effectuer sans problème le trajet qu’il a si vaillamment accompli il y a soixante-trois ans.
François Hollande, futur ex-Président de la République
Nicolas Sarkozy, ex-Président de la République
(Ce n’était qu’un rêve)
Hélas, cette missive élyséenne n’était qu’un rêve. Et d’ailleurs, la 203, il aurait bien fallu la transporter jusqu’au Cap. Dans quel avion ?…
Comme il est loin, le temps où, massé au bord d’un boulevard de ma ville de province, avec ma mère et mes frère et sœurs, j’avais regardé passer le Général de Gaulle qui, à l’époque, sillonnait la France dans sa DS noire ! Certes, il lui arrivait de prendre l’hélicoptère, parfois l’avion (mais jamais pour des visites-éclair de quelques heures). Mais aujourd’hui, l’automobile présidentielle ne dépasse guère les Champs Élysées le jour du 14-Juillet.
Il est vrai, concédons-le, que notre Président consent à quelques déplacements économiques en scooter…

« …il y aura un roi sur nous, et nous serons, nous aussi, comme toutes les nations; et notre roi nous jugera, et il sortira devant nous et conduira nos guerres. » (1 Samuel 8.19-20)