15 août 1740. naissance de Matthias Claudius, poète allemand (1740-1815).
War einst ein Riese Goliath (C’ETAIT LE GRAND GEANT GOLIATH, 1778)
C’était le grand géant Goliath,
Un homme dangereux !
Des tresses sous un grand chapeau,
Des plombs dans les cheveux,
Et un habit de « drap d’argent »,
Et tout le reste à l’avenant.
Sous sa moustache il ricanait
Et il grinçait des dents,
Et de nature il ressemblait
Au Diable ou à Satan.
Sa lance était, vous me croyez,
L’ensouple d’un métier !
Ses os étaient ceux de chevaux
Et orgueilleux son front,
Etroit, pour un petit cerveau.
Et, fort en gueule, à parler prompt,
Donnant des tapes dans le dos
En paradant, faisait le beau.
Il vint ainsi et tous les jours
Insulter Israël :
« Qui est un homme ici accourt
Sous le regard du ciel !
Qu’il vienne, ce fichu vaurien,
Que je l’écrase comme un chien !
Arrive en habits de berger
Un jeune maigre et fin.
Il n’avait qu’un bâton léger
Et une fronde en main.
Il dit : « Tu n’es qu’un prétentieux :
Je viens au nom de Dieu ! »
Et là il envoie un caillou
Qui le frappe en plein front.
Le grand dadet pousse un grand « Hou ! »
Et tombe de son long.
David lui tranche alors le cou
D’un seul et d’un grand coup.
Moralité
Ne te fie pas à ton chapeau,
Tes plombs, ta grande épée!
La gueule non plus rien ne vaut,
Goliath l’a démontré :
David, mon gars, te montrera
Comment tu te battras.
Der Mond ist aufgegangen, Matthias Claudius (1740-1815), 1779. Texte en français: Georges Pfalzgraf, 1993
La lune s'est levée,
la nuit est parsemée
d'étoiles dans le ciel.
La brume merveilleuse,
la forêt silencieuse
ont un aspect surnaturel!
Partout le crépuscule
étend ses tentacules
pour tout envelopper
et même nos misères
que, dans sa douce sphère,
la nuit veut nous faire oublier.
Vois-tu là -haut la lune?
Ses phases, une à une,
ne t'en font voir qu'un bout:
On rit de bien de choses
dont on ne voit les causes,
puisque nos yeux ne voient pas tout.
Or, les pensées hautaines,
l'orgueil et le sans-gêne
s'opposent à la foi.
Garde-nous des mensonges,
du mal qui nous y plonge
et nous éloigne, Dieu, de toi.
Fais-nous vivre en ta grâce,
chercher et voir ta face,
aimer la vérité,
et compte-nous au nombre
des hommes que tu combles
de paix, de joie, de sainteté.
Pendant que tout sommeille,
monte la garde et veille
sur nous et nos amis.
Donne une nuit paisible,
sans rien qui soit pénible,
en dissipant tous les soucis.