26 mai 1725. Louis Chéron et le prophète Agabus

publié le 26 May 2023 à 02h01 par José LONCKE

-26 mai 1725. Louis Chéron et le prophète Agabus

Certaines institutions se contentent, paresseusement, d’afficher des noms célèbres pour attirer les visiteurs en nombre. Ce n’est pas le cas du musée des Beaux-Arts de Caen, qui a fait un pari audacieux : créer une exposition sur le peintre, illustrateur, graveur et professeur d’art français Louis Chéron (1655-1725).

Ce musée était le seul à posséder un tableau de l’artiste Louis Chéron (une version réduite de La Prédication du prophète Agabus à saint Paul, conservée à la cathédrale Notre-Dame de Paris), et c’est ce tableau qui a finalement entraîné la création d’une exposition (jusqu’au 6 mars 2022), composée d’une soixantaine d’œuvres. 

Biographie

Louis Chéron a grandit dans une famille d’artistes le 2 septembre 1655 à Paris. Son père Henri Chéron est miniaturiste et graveur. Sa sœur a eu une influence particulièrement importante dans sa vie artistique : Elizabeth-Sophie Chéron peignait elle-même et a beaucoup soutenu son frère tout au long de sa formation. Elle a aussi été reçue à l’Académie royale en 1672 en tant que portraitiste, sa discipline de prédilection. Elle tenait également salon et a permis à Louis Chéron de rencontrer des artistes, notamment des sculpteurs, ce qui a pu influencer sa façon de représenter les corps, parfois comparés à des figurines de cire. 

Formé à l’Académie royale, Louis Chéron part aussi à Rome et à Venise pendant six ans pour compléter son apprentissage. Ce voyage a pu être possible car il a remporté deux fois le prix de Rome, en 1676 en 1676, sur le thème Bannissement du Paradis Terrestre, puis en 1678, sur le thème Punition d’Adam et d’Ève.

De retour en France, il remporta plusieurs commandes (dont deux Mays pour Notre-Dame), mais Louis Chéron va faire carrière en Angleterre. L’artiste s’y constitue une clientèle d’aristocrates (le duc de Montagu, le comte d’Exeter), qui lui commandent des ensembles décoratifs pour leurs résidences.

L’iconographie très savante de Louis Chéron s’appuie sur des épisodes peu utilisés dans la peinture de l’époque. On pense notamment à une scène des Actes des Apôtres, lors de la prédiction des malheurs de Saint Paul par le prophète Agabus. Cet évènement pourrait faire écho aux malheurs attendant les protestants après l’édit de Nantes.

Louis Chéron, protestant, se trouve concerné par ces mesures qui le pousseront finalement à quitter la France pour l’Angleterre.

En 1693, son nom apparait dans les registres de la congrégation huguenote londonienne de Savoy Chapel. En 1710, il prend la nationalité britannique. Il est au nombre des cinq artistes qui soumirent des dessins pour le dôme de la Cathédrale Saint-Paul de Londres.

En Angleterre, il crée lui-même une Académie. Il y enseigne son art du dessin, véritablement unique pour l’époque. Un professeur d’anatomie y est également engagé. Des modèles sont acceptés pour dessiner.

Il y a quelque chose que l’œil retient immédiatement devant les dessins de Louis Chéron : la représentation des corps est unique. Tout en muscles, d’une anatomie rappelant celle de statues, ils représentent des scènes d’une rareté particulière.

Il est mort à Londres le 26 mai 1725, et il est inhumé à l'église Saint-Paul de Covent Garden.

Ajouter un commentaire

Votre adresse e-mail nous permet :

  • de vous reconnaitre et ainsi valider automatiquement vos commentaires après 3 validations manuelles consécutives par nos modérateurs,
  • d'utiliser le service gratuit gravatar qui associe une image de profil de votre choix à votre adresse e-mail sur de nombreux sites Internet.

Créez un compte gratuitement et trouvez plus d'information sur fr.gravatar.com

Chargement en cours ...