Le Comité mixte baptiste-catholique en France a déjà abordé un bon nombre des questions classiques qui divisent encore les Églises. Après avoir traduit et commenté le document du dialogue entre l’Église catholique romaine et l’Alliance baptiste mondiale sur Rendre témoignage au Christ, le Comité français a publié sur le baptême, la Cène-Eucharistie et plus généralement la conception de l’Église et des ministères, mais aussi sur Marie et la place qu’elle peut tenir dans nos diverses traditions.
Pourquoi aborder aujourd’hui des questions d’éthique ? C’est qu’aussi bien dans la société que dans les Églises, elles sont souvent la cause des fractures principales. Bien des traditions se déchirent autour de quelques grandes questions qui concernent bioéthique ou sexualité. Pourtant, ce ne sont pas ces sujets que nous avons voulu aborder. Les débats en cours dans notre pays ont été l’occasion de multiples prises de position, déclarations et publications tant du côté catholique que du côté protestant et évangélique. Il nous semblait inutile de rajouter des textes qui n’auraient sans doute rien apporté de nouveau. En revanche, nous souhaitions réfléchir en amont sur les fondements de nos positions éthiques. Notre intuition première était que catholiques et baptistes suivaient des chemins différents, mais semblaient aboutir fréquemment à des conclusions assez proches.
Nous avons donc commencé par travailler sur le discernement éthique.
Sur quoi fondons-nous nos convictions ? Quelle démarche, quelles procédures, méthodiques ou plus spontanées, suivons-nous pour aboutir aux positions qui seront les nôtres ?
Notre réflexion s’est déroulée de la même manière que pour nos travaux précédents : nous avons essayé de dire ensemble tout ce qui nous est commun avant de préciser ce qui est spécifique à la manière de réfléchir de nos deux traditions.
Nous avons ensuite voulu illustrer cette recherche de principe en choisissant deux domaines très différents de la réflexion éthique : la question de l’échec du mariage et du divorce, ainsi que celle de la guerre et de la participation des chrétiens. Les sujets choisis ne sont volontairement pas d’une actualité brûlante dans les débats actuels, même si l’un comme l’autre soulèvent des questions importantes pour la vie et l’engagement des chrétiens. Pour ce qui est du divorce et du remariage, les positions de nos Églises sont différentes et la réflexion de nos deux traditions suit des chemins très divers. Quant à la guerre et à l’attitude des chrétiens, une grande diversité de positions existe dans l’Église catholique comme dans les Églises baptistes.
Ces deux questions montrent bien que la réflexion éthique ne se fait pas dans le vide. La question du divorce ne peut que tenir compte de la théologie du mariage qui est celle de nos Églises. Qu’il soit ou non considéré comme un sacrement a des conséquences concrètes très importantes. De même nous verrons que, lorsqu’il est question du regard que l’Église porte sur la guerre, la situation historique dans laquelle elle se trouve influence fortement sa réflexion.
Comme toujours, nous souhaitons que ce travail puisse profiter aux membres de nos Églises. Nous l’avons voulu sérieux, mais facilement accessible pour quiconque s’intéresse à ces questions. Il peut être utilisé dans des groupes et tout particulièrement dans des groupes composés de baptistes et de catholiques. Car, au-delà du plaisir que nous avons eu à travailler ensemble, notre espoir est d’être utiles à nos Églises et à leurs membres.
Monseigneur Vincent JORDY et pasteur Louis SCHWEITZER, coprésidents du Comité mixte