Je l’avoue : je suis parfois jaloux de ceux qui sont chaque jour témoins du spectacle de la nature.
Je me dis : quel bonheur pour ceux qui ont devant chez eux l’horizon de la mer ou les cimes des montagnes ! La campagne a elle aussi des charmes que je ne peux malheureusement pas goûter, citadin que je suis.
Oui, quelle chance aussi pour ceux qui n’ont pas, en fond sonore, le bruit sourd et constant de la ville. Même à trois heures du matin, vous n’y échappez pas.
Je reconnais pourtant qu’il y a une certaine beauté dans nos villes et dans ces immeubles de verre et d’acier que je côtoie au quotidien. L’homme les construit toujours plus hauts et il s’emploie à les rendre toujours plus superbes.
C’est aussi avec reconnaissance que je suis témoin des efforts louables de nos municipalités pour fleurir nos quartiers. J’admire les paysagistes de nos parcs et jardins publics. Ils doivent avoir beaucoup de talent pour aménager des espaces minuscules et nous faire oublier, l’espace d’un instant, que nous sommes des millions entassés sur quelques dizaines de kilomètres carrés.
Ceci n’empêche pourtant pas, qu’à mes yeux, rien ne vaut la beauté d’un paysage sur lequel l’homme n’a pas encore trop marqué son empreinte.
Il faut que j’arrête ici car je viens de me rendre compte que j’ai une chance inouïe : je connais l’artiste qui a conçu la nature. Personnellement.
Quand je revois défiler dans ma mémoire quelques souvenirs de vacances ou lorsque la télévision ou le cinéma me rendent témoin de beautés de notre monde que je ne soupçonnais même pas, mon cœur ému s’adresse à celui qui a préparé pour nous ce somptueux jardin.
Admiration et reconnaissance.
Oui, je suis un privilégié.
Georges Mary