Une fois de plus, à cause d’une petite déception, Romuald est sorti de ses gonds. Il crie, s’emballe, hurle, vocifère.
« Encore un coup de colère ! » s’écrie sa femme. « Il faut que ça change : c’est tous les jours pareil ! »
« Il faut que ça change ! » C’est bien ce que disent tant de personnes autour de nous. Pas seulement lors des défilés dans la rue, dans les « manifs » syndicales, politiques ou autres, quand on revendique sur l’air des lampions, mais aussi dans la vie de tous les jours.
« En France, le provisoire est éternel, quoique le Français soit soupçonné d’aimer le changement ». Cette affirmation ne date pas d’aujourd’hui. C’est Balzac qui, déjà en son temps, faisait ce constat.
Et pourtant, on n’a jamais assisté à autant de transformations et de changements de toutes sortes qu’à l’heure actuelle. Si nos ancêtres pouvaient revenir sur Terre, ils seraient incapables de s’y reconnaître tant sont innombrables les bouleversements techniques et les modifications profondes de la société, en particulier depuis le 19 ème siècle.
Ce qui n’empêche pas, bien au contraire, que l’on réclame à juste titre, de toutes parts, d’indispensables changements à tous les échelons. À tel point que, lors d’une récente campagne électorale en notre pays, les candidats de tous bords ont fait du changement la base de leur programme.
Et depuis, on continue à réclamer de plus belle : « Il faut que ça change ! »
Mais soyons réalistes : comment et par qui cela se fera-t-il ?
Georges Mary
Ce texte est extrait du livre de Lucien Clerc « Il faut que ça change » publié par Croire et Servir en 2000. Il n’a rien perdu de son actualité.