1 mars 1562. Massacre de Wassy. Début des guerres dites "de religion"

publié le 1 March 2022 à 01h01 par José LONCKE

Massacre de Wassy. Début des "guerres de religion"

1 mars 1562. Massacre de Wassy. Début des guerres dites "de religion"

Dès le début de la Réforme, les prédicants parcourent la France, visitent la Champagne et prêchent au péril de leur vie. En dépit des brimades et des persécutions, l'Eglise Réformée de Wassy voit le jour vers la fin de 1561 pour répondre à l'attente de plus d'un millier de personnes qui adhèrent aux idées de la Réforme.

Ceci n'est pas pour plaire au Duc de Guise qui réside à Joinville, bourgade toute proche, fief des très catholiques Ducs de Lorraine. François de Guise et le Cardinal de Lorraine n'ont de cesse d'endiguer l'expansion de la Réforme sur ce qu'ils considèrent comme leur domaine, même si Wassy, affranchie en 1258, est une ville royale où un prévôt gouverne et rend justice au nom du roi.

Le Duc de Guise lève une armée de mercenaires, décidé à punir de manière exemplaire les habitants de Wassy qui ont adopté la nouvelle religion. L'Edit de janvier 1561 autorisait pourtant les Huguenots à se réunir hors des murs des villes pour le prêche, mais le Duc semble prêt à passer outre!

Le 1er mars 1562, le Duc de Guise se trouve à la messe à Wassy et est gêné par les chants des Protestants qui assistent au culte dans la Grange située à un "trait d'arbalète" de l'église. Il force alors la porte de la Grange (photo : état actuel) où se trouve plus d'un millier de Protestants non armés. On compte soixante-quatorze tués et une centaine de blessés qui, pour la plupart, mourront les jours suivants. Le pasteur Léonard Morel, blessé, est emmené au château de Saint-Dizier, forteresse militaire située à quelques kilomètres de Wassy. Il y restera au secret pendant plusieurs années. Des perquisitions seront faites chez les Protestants pour les intimider et tenter de les convertir.

Le 16 mars 1562, rouge encore du sang des protestants qu’il a massacrés à Wassy, le duc de Guise entre triomphalement à Paris par la porte Saint-Denis.

Le massacre de Wassy déclencha immédiatement les Guerres de Religion qui divisèrent l'Europe et opposèrent les armées Catholique et Protestante jusqu'à l'Edit de Nantes signé en 1598 par Henri IV. Elles marquent une étape décisive dans la conquête des Droits de l'Homme et de la Liberté de Conscience pour tous. Ayant supprimé les libertés des Protestants, Louis XIV signa la révocation de l'Edit de Nantes en 1685.

 

Pour réfléchir...

Voici un exrtait , de l'Histoire abrégée des Protestants de France, de Jean Bastide (Société d'Edition de Toulouse, 1910, pp 57-60) :  

"Les réformés ne prirent les armes que pour réclamer l‘exécution d‘un édit antérieur qui leur accordait la liberté de conscience, et ils les déposèrent chaque fois, dès que cette liberté leur fut rendue. Ils défendaient donc  la loi et le droit imprescriptible qui appartient à tout homme de croire d‘après sa conscience. Ils défendaient également la liberté religieuse, c‘est-à-dire le droit de pratiquer paisiblement et honnêtement sa foi. Leur cause était donc sacrée et en cherchant à la faire triompher ils ont servi leurs pays...  

 
Les divers maux de ces guerres ont été résumés de la manière suivante par un écrivain catholique de cette époque, Etienne Pasquier :


 « Où le huguenot est le maître il ruine toutes les images, enlève tous les biens sacrés et voués aux églises. En échange de ce, le catholicisme tue, noye  tous ceux qu‘il connaît (de cette religion) et en regorgent les rivières. »


 « ... Les réformés ne prirent les armes que pour réclamer l‘exécution d‘un édit antérieur qui leur accordait la liberté de conscience, et ils les déposèrent chaque fois, dès que cette liberté leur fut rendue, même incomplète, par un édit  nouveau… Ces guerres civiles furent un malheur pour tous mais il faut surtout en rendre responsables ceux qui les rendirent neccessaires…
En les soutenant, les réformés ne furent pas des séditieux, parce qu‘ils avaient pour eux l‘édit de janvier et les édits postérieurs, c‘est-à-dire la loi, et de plus, le DROIT IMPRESCRIPTIBLE qui appartient à tout homme de croire selon sa conscience.
Le roi et les Parlements pouvaient leur ôter les lois protectrices, mais personne  ne pouvait leur ôter, sans crime, le droit naturel, donné par Dieu même.
C'est ce qu'ils avaient dit dans leur Confession de foi :

" »Nous croyons qu‘il  faut obéir à leurs lois (des magistrats et des princes) et porter le joug de sujétion de bonne et franche volonté, moyennant que l‘empire souverain de Dieu demeure en son entier. »


Au reste, ils étaient persuadés qu‘ils défendaient le roi et le royaume en prenant les armes contre la faction des Guises qui  ne songeaient qu‘à étendre leur pouvoir sur des ruines de tous les autres. Catherine de Medicis les encouragea  dès le début à la résistance, pour ce motif.
Au douzième siècle, les communes avaient combattu et souffert pour obtenir, des seigneurs féodaux, la liberté civile, et leur affranchissement fut une des causes de la grandeur de la France.
 Les réformés allaient combattre et souffrir pour un bien plus grand encore, LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE, et pour un autre qui en découle, LA LIBERTÉ  RELIGIEUSE, c‘est-à-dire le droit de pratiquer paisiblement et  honnêtement sa foi. LEUR CAUSE, ainsi qu‘ils l‘appelaient, était donc sacrée, et en la faisant  triompher, ils ont aussi servi la grandeur de leur pays.
 Il est vrai que pour eux la liberté de conscience c‘était le droit de croire à la vérité divine révélée dans la parole de Dieu, mais ce premier droit devait devenir la liberté de conscience absolue, en tant qu‘elle n‘est pas contraire à la loi morale ».

 

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