20 octobre 1793 (29 vendémiaire an II). Le « poteau infâmant »
Lors de la Saint-Barthélemy, le matin qui suivit la nuit tragique de la Saint-Barthélemy le roi Charles IX tirait, dit-on, à l'arquebuse depuis les fenêtres du Louvre, sur les protestants qui en traversaient la Seine.
Le fait est vraisemblable mais que ce fut du balcon que l’on montre et qui au Louvre termine la galerie d’Apollon, cela est impossible puisqu’il n’existait pas encore.
La croyance en cette localisation était si bien admise cependant qu’en 1793 le Conseil général de la commune de Paris rendit un arrêt (le 29 vendémiaire an II, soit le 20 octobre 1793) portant qu’il serait mis « un poteau infamant » sur la place même. L’arrêt fut exécuté. L’inscription en lettres énormes était conçue ainsi :
« C’est de cette fenêtre que l’infâme Charles IX, d’exécrable mémoire, a tiré sur le peuple avec une carabine ».
Dix ans plus tard, le Premier Consul fit enlever le poteau et l’inscription. Mais renforcée par cette inscription officielle de dix années, la croyance persista dans le peuple parisien un article descriptif du Louvre, publié en 1852, parle du balcon « connu populairement sous le nom de balcon de Charles IX ».
Cette scène apocryphe connut une singulière fortune dans la littérature :
Dans les « Tragiques », Agrippa d’Aubigné écrit :
Ce Roi, non juste Roi, mais juste arquebusier (qui vise juste),
Giboyait aux passants trop tardifs à noyer !
Dans « La Reine Margot », Alexandre Dumas présente un Charles IX qui cède à un accès de folie furieuse : « poussant des cris de joie chaque fois que le coup avait porté ».
Victor dans ses « Châtiments », apostrophe ainsi Napoléon III :
Va trouver Tibère en son antre
Et Charles-Neuf sur son balcon.
Dans « Les fleurs du mal », Baudelaire donne à la figure du roi, les traits d’un double solitaire et désespéré :
Rien ne peut l’égayer, ni gibier, ni faucon,
Ni son peuple mourant en face du balcon.
Et dans L’Assommoir, lors du mariage de Gervaise, Zola faisant visiter le Louvre, mentionne :
« Voilà le balcon d'où Charles IX a tiré sur le peuple »