21 mars 1656. James Ussher
Mort de l'archevêque d'Armagh anglican, James Ussher (1581-1656). Son ouvrage, « Annales Veteris et Novi Testamenti » a proposé une chronologie biblique qui place la création du monde en 4004 avant notre ère, et ses dates seront incorporées dans les notes de nombreuses versions de la Bible. Brillant compilateur des multiples trames de l'histoire du monde, son travail historique marquera durablement les mémoires pour une seule date douteuse.
James Ussher est né à Dublin, en Irlande, le 4 janvier 1581. Bien que sa famille soit protestante, sa famille à des racines irlandaises incontestables. Deux tantes très attachées aux Écritures, mais aveugles de naissance, lui ont appris à lire. Ussher est devenu un amateur de livres et un jeune homme pieux, bien qu'il se soit accusé plus tard d’avoir accorder trop de temps à la poésie et au jeu de cartes.
Son père voulait qu'il soit avocat. Ussher, cependant, a choisi l'église. En 1598, il était le deuxième étudiant inscrit au Trinity College de Dublin. Un débat avec un jésuite, qui a fait valoir l'autorité du catholicisme romain en raison de son antiquité, a incité Ussher à passer les 18 années suivantes à lire tous les pères de l'église grecque et latine afin de pouvoir retracer le cours du christianisme et ses changements. En 1603, le Trinity College l'envoya en Angleterre pour acheter des livres pour sa bibliothèque. Il y reviendra pour des expéditions similaires en 1606, 1609 et 1612, hantant les bibliothèques et achetant des livres pour lui-même. Finalement, il a accumulé une bibliothèque personnelle de plus de 10 000 volumes. Ses recherches le préparaient à devenir l'un des plus grands savants de son époque.
Après qu'Ussher soit devenu pasteur, il a dirigé une commission chargée de préparer des articles de foi pour l'Église (anglicane) d'Irlande. Les 105 articles qui en résultèrent étaient fortement calvinistes. En 1621, le roi Jacques le nomma évêque de Meath. Il n'était pas un de ces ecclésiastiques paresseux qui empochent leur salaire mais se dérobent à leurs devoirs. Il a prêché partout où il pouvait trouver un public, "à la maison, à l'église, à l'école, au tribunal de session". Son sceau épiscopal portait la devise « Malheur à moi si je n'annonce pas l'Évangile ».
Ussher a lutté pour la Réforme dans les églises établies d'Irlande et d'Angleterre. En 1624, il est sacré archevêque d'Armagh et primat d'Irlande. Il a plaidé pour l'indépendance de l'Église irlandaise vis-à-vis de l'Angleterre, mais Lord Stafford et l'archevêque Laud ont insisté pour qu'elle adopte les trente-neuf articles de l'Église d'Angleterre.
En 1640, Ussher fit l'une de ses nombreuses visites en Angleterre. Il n'est jamais rentré chez lui car un soulèvement catholique et un massacre y ont rendu précaire la position des protestants. Les rebelles ont saccagé la résidence d'Ussher à Drogheda, mais ont épargné sa bibliothèque. Cependant, lorsque Ussher s'est par la suite rangé du côté du roi contre le Parlement, la Chambre des communes a confisqué ses livres. Finalement, ils ont été donnés au Trinity College. À ce moment-là, des papiers irremplaçables avaient disparu de la collection. En 1645, des bandits gallois lui ont volé tous ses biens et dispersé ses papiers au vent. Ussher a alors perdu les travaux préparatoires d’une histoire des Vaudois.
De 1613 et jusqu'à la fin de sa vie, Ussher a écrit un livre après l'autre, principalement en latin. Beaucoup d'entre eux portaient sur l'histoire de l'Eglise et ses enseignements. Un court livre en anglais soutenait que Patrick et la première église irlandaise n'étaient pas catholiques romains. Son dernier ouvrage majeur, les Annales, a cherché à harmoniser la chronologie biblique avec celles des Romains, des Perses et d'autres anciens. C'était un travail d'érudition magistral qui lui a valu le respect international. L'Université de Leyde lui a offert un poste de professeur honoraire.
En raison de sa position élevée, Ussher ne pouvait pas échapper à la politique. Il s'est rangé du côté de Charles Ier dans le différent qui opposait ce dernier au Parlement et a commémoré l'anniversaire de la décapitation de Charles par un jeûne privé. Une fois, il a réprimandé Oliver Cromwell, comparant la racine du mal dans le cœur de Cromwell à un furoncle.
En janvier 1656, l'archevêque Ussher écrivit dans son agenda : « Âgé maintenant de 75 ans. Mes années furent bien remplies". Le 20 mars, il apporta une aide spirituelle à une dame qui se mourrait dans la maison où il séjournait. Ce soir-là, il se plaignit de douleurs au côté. Une pleurésie s'était installée. Les médecins n'ont pas pu faire grand-chose pour lui. Se préparant à la mort, il remercia son hôtesse pour sa gentillesse et lui dit adieu, la recommandant à la grâce de Dieu. Resté seul, on l'entendit prier : "Ô Seigneur, pardonne-moi, surtout mes péchés d'omission".
A une heure de l'après-midi ce jour-là, 21 mars 1656, il mourut. Il laissait dans le deuil sa fille, Elizabeth. Cromwell le respectait à tel point qu'il ordonna des funérailles publiques et autorisa l'utilisation du livre de prières anglican interdit.
Certaines éditions de la Bible ont inclus la datation d'Ussher comme si elle était à mettre sur un pied d'égalité avec la parole inspirée. Cela a conduit à la moquerie car il avait fixé une date et même une heure spécifiques pour la création du monde en octobre -4004.