21septembre 1934. Léonard Cohen et la Bible 
Léonard Norman Cohen, né le 21 septembre 1934 à Montréal (Québec), est un poète, romancier et auteur-compositeur-interprète canadien. 
La spiritualité est présente dès le premier album de Léonard Cohen : "Songs of Leonard Cohen", en 1967. 
La chanson "Suzanne", chanson culte depuis près de cinquante ans, offre un motif particulièrement évocateur. On y trouve un couplet sur Jésus, encadrée par deux couplets sur Suzanne, la femme aimée. 
D’emblée, le ton est donné. Ce mélange entre l’amour humain et l’amour de Dieu est très proprement juif et biblique. Il évoque le Cantique des Cantiques, qui est tout à la fois un livre biblique de l’amour humain et un grand texte mystique. 
Léonard Cohen cite fréquemment la Bible. il en fait un usage assez éclectique. Parmi les thèmes et figures qui l’inspirent, il y a par exemple le personnage d’Isaac, dans "Story of Isaac" (album "Songs from a Room, 1969), où Cohen adopte le point de vue d’Isaac, du fils. Cette figure biblique est mêlée, ce qui est fréquent dans son écriture, à des réminiscences personnelles : il évoque aussi son enfance, où à l’âge de neuf ans, il a perdu son père. 
On peut aussi citer le thème de la sortie d’Égypte, dans "Born in Chains" (album "Popular Problems", 2014). Cohen s’identifie au peuple d’Israël traversant la mer Rouge. 
La figure de David, le roi poète et musicien auquel la tradition attribue les Psaumes, pourrait représenter le « modèle » de Léonard Cohen. L’amour de Dieu et l’amour humain, les amours humaines, ne sont contradictoires ni pour l’un, ni pour l’autre. 
Certaines chansons deviennent parfois des prières adressées à Dieu, comme "Hallelujah" ou "Show me the place". Le "dieu" de Cohen est celui de l’expérience. Ce "dieu" parle à l’homme, se révèle, mais il reste insaisissable. Son mystère reste entier. 
Il y a là une sensibilité très juive qui s’exprime aussi dans le style des chansons. Cohen est très pudique, très allusif. Il ne s’attarde jamais sur rien. Il ne donne pas de clés. 
C’est à chaque auditeur de rassembler les traces d’un dieu sur lequel on ne met jamais la main. « Que celui qui a des oreilles entende », comme le disent les Écritures… C’est aussi un dieu de compassion… La compassion est centrale chez Cohen. Il souffre avec ceux qui souffrent. Il les prend en charge, il les porte. C’est vrai du clochard de la ville de New York, de la mère esseulée, de l’enfant malade ou des réfugiés… 
Devant le mal et l’injustice, les accents de certaines chansons sont parfois violemment pessimistes. Mais cette sensibilité cohabite avec une confiance profonde faite à l’humain. Mystique et critique peuvent aller de pair, comme dans "Hallelujah" : 
J'ai entendu dire qu'il y avait un accord secret 
Que David jouait et que cela plaisait au Seigneur 
Mais tu ne t'intéresses pas vraiment à la musique, n'est-ce pas 
Ça donnait à peu près ça, 
La quarte, la quinte 
L'accord mineur tombe et le majeur monte 
Le roi perplexe composant 
hallelujah Hallelujah... 
Ta foi était forte mais tu avais besoin de preuves 
Tu l'as vue se baigner sur le toit 
Sa beauté et le clair de lune t'ont renversé 
Elle t'a attaché à une chaise de cuisine 
Elle a brisé ton trône, et t'a coupé les cheveux 
Et de tes lèvres elle a tiré 
l'Hallelujah Hallelujah... 
Vous dites que j'utilise le Nom en vain 
Je ne connais même pas le Nom 
Mais si je le fait, bon vraiment, qu'est ce que ça peut te faire ? 
Il y a un éclat de lumière 
Dans chaque mot 
Qu'importe que tu entendes Le saint ou le brisé 
hallelujah Hallelujah... 
J'ai fait de mon mieux, ce n'était pas beaucoup 
Je ne pouvais pas sentir, alors j'ai essayé d'effleurer 
J'ai dit la vérité, je ne suis pas venue pour te duper 
Et bien que Tout ait mal tourné 
Je me tiendrai devant le seigneur de la chanson 
Avec rien d'autre à mes lèvres 
qu'Hallelujah Hallelujah...