22 février 1071. Robert le Frison, l’usurpateur inquiet

publié le 22 February 2024 à 01h01 par José LONCKE

Robert Ier de Flandre n'aurait jamais dû accéder au pouvoir. Né vers 1035, il est le fils cadet de Baudouin V et d'Adèle de Flandre.

Une jeunesse turbulente
En tant que fils cadet, comme aucun apanage n'est prévu pour lui, il lui faut trouver à s'installer ailleurs et se faire une "place au soleil ". C'est ainsi qu'il participe à la « Reconquista » en Espagne mais les Sarrasins l'empêchent de s'installer. Robert doit se contenter des terres froides du Nord.
La guerre est son métier : il intervient donc en Frise et en 1063, Gertrude de Saxe, tout juste veuve, accepte d'épouser Robert, à qui elle confie la tutelle de son fils sur la Frise occidentale. Il y gagne le surnom de "Frison ".

22 février 1071. Robert le Frison, l’usurpateur inquiet

L'héritage de son père consiste en des terres en Flandre occidentale. Ayant prêté serment de ne pas nuire à son frère le comte Baudouin VI, ce dernier le nomme tuteur de son fils Arnoul III puis décède prématurément. La comtesse, veuve, Richilde confisque la tutelle d'Arnoul III ainsi que des biens de Robert. Robert  trouve refuge auprès de son beau-frère, le duc de Saxe.

Devenir Comte
Pourtant, les Flamands se sont révoltés contre Richilde et appellent Robert à l'aide. Successivement, les villes flamandes le reconnaissent comme suzerain. Battant Richilde, il prend Lille mais la comtesse appelle au secours le roi de France Philippe Ier, qui accourt en plein hiver.

Le 22 février 1071, les piquiers flamands de Robert défont les troupes de Richilde et du roi  de France, à Cassel. Robert est alors reconnu par tous comme Comte de Flandre.

Collégiale Saint-Pierre
Pour faire oublier son usurpation, Robert le Frison cherche à s'attacher le clergé et dote de grands biens la plupart des églises flamandes. Il fonde un monastère à Watten. A Cassel, en 1072 il fait édifier sur la voûte d’une crypte dédiée au Sauveur du monde, une église collégiale qu’il consacre à Saint-Pierre.

Violences
Le pouvoir de Robert, bien qu'appuyé sur deux victoires et sur l'affection des barons flamands, semble longtemps illégitime aux populations, et on se redit par toute la Flandre des récits merveilleux, qui promettent malheur à la postérité du comte.
« Il s’attire la haine du monde ecclésiastique par ses violences et ses rapines » et il est rangé par eux parmi les « mali homines ». L'évêque de Cambrai, Liébert, se prononce contre lui et le traite ouvertement de rebelle et d'usurpateur. Robert, pour le punir, vient exercer des ravages dans le Cambrésis.

Inquiétudes
Les ambassadeurs qu'il envoie à l'empereur pour se le rendre favorable lui rapportent une histoire étrange ; ils approchaient de la ville de Cologne,

"... quand une femme vient vers eux et leur demande qui ils sont ; ils gardent le silence à cette question ; mais, les regardant fixement : Je sais bien, dit-elle, que vous êtes les envoyés du duc des Flamands, et que vous vous en allez prier l'empereur de garder votre comte en paix ; le but de votre voyage sera rempli, l'empereur lui accordera son pardon, mais l'usurpateur sera châtié dans sa race pour avoir violé le serment qu'il avait prêté à son frère Baudouin, et pris le comté de son neveu Arnoul qui a été assassiné ; son petit-fils mourra sans enfant mâle ; alors deux compétiteurs se disputeront le comté, et il y aura meurtre et sang et carnage de génération en génération... »


L'apparition avait ensuite disparu et jamais depuis on n'avait plus entendu parler de cette femme par ailleurs inconnue dans le pays.

Robert, inquiet de l'avenir, fait la paix avec son neveu "pour fléchir le courroux du ciel", et lui abandonne en toute propriété le Hainaut.

Pèlerinage
Sur la fin de ses jours, Robert le Frison s'associe son fils aîné, nommé comme lui, Robert, qui va gouverner seul la Flandre quand son père part en Pèlerinage
Il part en effet pendant six ans, faire 

"un pèlerinage en Palestine pour expier ses fautes"


Là encore, selon le récit des chroniqueurs,

"la colère céleste se manifeste contre lui : en vain veut-il pénétrer dans la sainte cité de Jérusalem, les portes se fermèrent d'elles-mêmes à son approche, et il ne put s'agenouiller au tombeau du Sauveur, qu'après avoir confessé ses fautes et promis de rendre la Flandre à son légitime héritier". 
 
Reliques
Il rapporte de son pèlerinage à Jérusalem et à Constantinople, une portion de la chaîne, déposée dans l'Eglise de Saint-Pierre près de Sainte-Sophie, qui aurait servi à attacher Saint-Pierre. Il  dépose les chaînons dans la crypte de Saint-Pierre de Cassel. Des vertèbres de Saint-Basile sont déposés à Bruges...


Mais "chassez le naturel, et il revient au galop" : de retour en Flandre, il tente en 1091 de restaurer l'usage qui veut que les prêtres morts en Flandre ne peuvent faire hériter que le Comte. La menace d'excommunication l'oblige à restituer les biens saisis.


Il meurt en 1093 et est enterré à Cassel, là où avait commencé son aventure d'usurpateur : dans l'église Saint-Pierre de Cassel, au milieu des chaines.

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