André Philip, né le 28 juin 1902 à Pont-Saint-Esprit (Gard), mort le 5 juillet 1970 à Paris, est un homme politique socialiste français, docteur en sciences économiques et avocat.
François Mauriac écrit dans son Bloc-notes à la date du 9 juillet 1970 (quelques jours avant sa propre mort) :
« Mort d’André Philip à la suite d’une cruelle maladie », dit le faire-part que je reçois. Je regrette d’avoir laissé partir ce confrère qui m’inspirait tant d’estime et plus que de l’estime, sans lui en avoir rien manifesté. ... C’était une conscience ombrageuse... mais c’était aussi un cœur fidèle qui n’a jamais rien renié de ce qu’il a cru vrai...
André Philip si j’en juge d’après ce que je sais de lui ; a témoigné d’une autre fidélité si rare parmi les intellectuels : il n’a rien renié de sa foi chrétienne reçue dans son enfance protestante. Un fidèle ! Il n’y a pas d’éloge qui me soit plus cher parce que c’est peut-être le seul que je me reconnaisse le droit de m’adresser à moi-même. Quoi que j’aie été, quoi que j’aie fais, je suis de ceux, si peu nombreux, et André Philip en était lui aussi, qui ont répondu par une protestation passionnée à la question du Seigneur : « Et vous aussi, vous voulez me quitter ? »
André Philip semble n’avoir jamais cédé sur un sujet comme celui-là aux jugements des autres hommes. Il n’était pas un homme de lettres et, semble-t-il, ne pensait pas à son personnage... André Philip était dépourvu autant qu’on peut l’être de ce côté m’as-tu-vu de la plupart des écrivains. De telles qualités nuisent à une carrière politique, cela éclate aux regards ».
Source : François Mauriac, Bloc-notes, Tome V, Éditions du Seuil, p 382-383