« Paul, appelé à être apôtre du Christ Jésus par la volonté de Dieu » (1 Co 1.1).
Je suis récemment tombé sur cette magnifique citation de John Stott. Très jeune, à 17 ans, il était déjà persuadé de son appel pastoral, mais cette conviction n’était pas partagée par ses parents. Dans un courrier envoyé à son père, vers la fin de ses études universitaires, il lui a donné plusieurs raisons pour sa décision, la première étant :
« Obéissance à mon appel. Quelle que soit ton opinion, j’ai reçu un appel définitif et irrésistible de la part de Dieu pour le servir dans l’Église. Dorénavant, ma vie pourrait être décrite en ces termes : "Mis à part pour l’Évangile de Dieu". Il n’y a pas de plus grand service. Je n’en demande aucun autre. »
Parmi les lecteurs des Cahiers de l’École pastorale, il fait peu de doute que beaucoup se reconnaîtront dans ce témoignage. Quand Dieu appelle, il faut obéir car cet appel est irrésistible en ce sens que Dieu ne saurait permettre un refus catégorique de notre part. Une fois l’appel reçu, rien ne saurait divertir et faire dévier définitivement l’appelé. Car l’appel persiste. Il ne lâche rien, revenant sans cesse, tel un refrain. Il rattrape ceux qui tentent de s’en éloigner ou pensent pouvoir l’oublier. Et quand bien même la crainte (légitime) est bien présente, le désir brûle dans le cœur de l’appelé. Et ce feu ne s’éteint pas… C’est en partie en cela que l’on reconnaît, pour soi, un appel véritable.
Avant que je ne me lance dans le pastorat, un collègue m’a pris entre quatre yeux pour me dire : « Es-tu sûr de ce que tu fais ? Si tu peux faire autre chose, surtout n’hésite pas, fuis ! Le pastorat est trop dur, trop épuisant, trop violent ! » Sur le coup, je l’avais trouvé bien insistant et surtout beaucoup trop dramatique (naïf que j’étais !). Pourtant, j’ai très vite compris que cette discussion m’avait énormément aidé. Le but de ce collègue n’était pas de me décourager. Non, il me mettait simplement à l’épreuve. Allais-je, pourrais-je passer le test ? Pour moi, bien que secoué par cette interpellation, la réponse fut claire et nette : je ne pouvais pas faire « autre chose ». J’avais reçu un appel de la part de Dieu. J’en étais convaincu et rien ne pourrait se mettre en travers de mon chemin.
On pourrait comparer ces expériences d’appels reçus et acceptés au fait de tomber amoureux et d’être convaincu, telle une évidence, que l’être aimé est celui ou celle avec qui alliance sera faite, à jamais. Mais une fois l’alliance contractée – chaque couple sait cela – un mariage ne peut survivre s’il ne repose que sur ce premier sentiment amoureux, aussi fort soit-il. Non, l’amour conjugal ne peut simplement vivre d’acquis, quand bien même ils sont nombreux, structurants, authentiques et bons ! L’amour, même le plus fort, s’estompe avec le temps. Pour durer, il se travaille et s’approfondit, nécessairement, continuellement, parfois même laborieusement et douloureusement.
Je pense qu’il en est de même pour le pastorat. Le pasteur ne vivra pas d’un appel initial seulement, mais de toute nourriture qui fondera encore et encore son ministère : temps de ressourcement avec Dieu, avec sa Parole. Temps d’études continues. Temps fraternels, d’écoute, d’échanges, d’encouragement. Temps de remises en question aussi, parfois difficiles à vivre mais tellement salutaires. Frères et sœurs, ne négligeons pas notre appel, ne présumons pas de lui.
Bien humblement, les Cahiers de l’École pastorale existent pour offrir un peu de nourriture à ceux que le Seigneur a appelés. Alors, j’espère que ces quelques pages vous feront du bien et vous fortifieront dans votre appel !