Églises coréennes en France : histoire, identité et vocation

Extrait Diversité culturelle

Les Églises françaises sont de plus en plus soucieuses de permettre aux nouvelles Églises issues de l’immigration une bonne intégration en leur sein. Les Églises coréennes en France sont des communautés ethniques qui se multiplient depuis 40 ans. Malgré cette croissance, elles sont assez méconnues par le protestantisme français. Si diverses soient-elles, toutes les Églises, françaises ou ethniques, ont chacune une histoire, une identité et une vocation. Cet article analyse ces trois aspects des Églises coréennes en France, en vue de servir de jalon pour une recherche plus poussée sur les Églises ethniques en France.

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Églises coréennes en France : histoire, identité et vocation

I. L’HISTOIRE DES ÉGLISES CORÉENNES EN FRANCE

a) Une nouvelle communauté coréenne depuis 40 ans

L’économie, moteur de croissance de la communauté coréenne

Pour mieux comprendre la diaspora chrétienne coréenne en France, il semble judicieux de la considérer d’un point de vue ethnographique face à l’ensemble de la diaspora coréenne. Le flux d’émigration des Coréens mérite d’attirer notre attention, du fait qu’ils ont émigré dans 176 pays et cela seulement depuis à peine deux siècles, et qu’il y a aujourd’hui 7 millions de Coréens expatriés(1). Leur taux d’émigration est donc très élevé par rapport aux autres peuples. Quatre sur cinq expatriés ont choisi de vivre en Chine, au Japon ou aux États-unis.

Certains missiologues considèrent ces deux facteurs - diaspora coréenne dispersée dans une grande étendue de la planète et taux élevé d’émigration – comme des ressources potentielles considérables pour la Mission(2). Lorsque les chrétiens coréens émigrent, ils apportent avec eux leurs produits économiques mais aussi leur piété. Écoutons Sadiri Joy Tira, un des membres du Comité de Lausanne pour l’Évangélisation : « Là où sont les produits de Samsung et de Hyundai, il existe des communautés coréennes... Ils emportent avec eux leurs spiritualités... Les chrétiens coréens implantent partout des Églises et prient tous les jours »(3). Aujourd’hui on estime qu’environ 5.500 Églises coréennes ont été implantées dans les pays hors de la Corée.

Les expatriés coréens en Europe constituent 1,73% (117.954) de l’ensemble de la diaspora coréenne. En 2009, on comptait 14.738 Coréens en France (voir le tableau 1), à savoir 12,5% de la diaspora coréenne en Europe. Au moment où la première communauté protestante évangélique coréenne a été implantée à Paris en 1972, il y avait seulement quatre centaines de Coréens. Depuis, la croissance économique rapide de Corée du Sud a affecté de façon significative les échanges économiques, culturels et humains avec la France et la pensée et la volonté d’intégration des expatriés Coréens(4). Depuis le traité économique franco-coréen de 1977 garantissant l’investissement, la Corée du Sud devient aujourd’hui le troisième partenaire commercial de la France en Asie. Le nombre des expatriés coréens en France a commencé à augmenter rapidement : 4.290 Coréens en 1989, 10.265 en 1999 et 14.738 en 2009. Et 70% de cette population habite à Paris et ses environs. Ainsi les échanges économiques ont joué un rôle accélérateur pour la formation de la communauté coréenne en France.

La durée relativement courte du séjour de la plupart des chrétiens coréens

Comme le montre le tableau 1, malgré l’augmentation continue des résidents permanents en vertu du mariage ou des affaires, 80% des Coréens résident en France pendant un temps relativement court : ils souhaitent rentrer un jour chez eux. Donc il y a assez peu de Coréens de type immigré traditionnel. Sur ce point, la communauté coréenne se démarque des autres immigrations asiatiques. En raison de leur séjour de courte durée, leur intégration dans la société française ne se fait pas jusqu’à son terme. Car l’intégration exige une implication complète de l’individu dans le pays choisi et un effort de longue haleine. Il en résulte qu’il y a un manque de stabilité ou de durabilité de la communauté coréenne. Effectivement, les trois quarts des membres étant des résidents temporaires, souvent en qualité d’étudiants ou de salariés, tous les trois ou quatre ans, un nombre important d’entre eux retournent dans leur pays. Le fonctionnement interne de l’Église souffre donc de ce manque de continuité. Et la difficulté de l’apprentissage de la langue de Molière est une autre pierre d’achoppement pour les Coréens dont le français n’est que la 4ème ou 5ème langues étrangères offertes comme option dans les écoles coréennes, bien derrière l’anglais, le japonais, le chinois et l’allemand.

Une communauté, dominante féminine importante

La communauté coréenne en France est essentiellement féminine : les femmes en constituent plus de 70%. La principale raison en est que l’enseignement supérieur, en particulier en littérature et en beaux arts, attire surtout les femmes. Les Églises étant composées majoritairement d’étudiants et d’artistes, comptent donc également beaucoup de femmes. Elles n’ont pas à le déplorer, car les femmes se consacrent avec zèle aux services de diaconie, de prière, d’intercession et d’éducation des enfants. Remarquons que les jeunes chrétiens font aussi preuve de dynamisme : dans le domaine artistique et musical, ils font preuve de beaucoup d’esprit de créativité, et se mobilisent en faveur de la Mission.

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Auteurs
Henri CHAI

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1.
Overseas Koreans Foundation, http://www.korean.net/portal/PortalView.do
2.
Doug K. Oh, « History of the Korean Diaspora Movement », Korean Diaspora and Christian Mission, éd. par Won-Suk Ma et S.Hun Kim, KRID, Regnum Books International, Oxford, 2011, p.2-16
3.
Sadiri Joy Tira, dans la Préface de op.cit., Oxford, 2011, p.xiii
4.
Henri Chai, « L’aspect économique de la communauté coréenne en France », dans L’Histoire de la Diaspora Coréenne en Europe (en coréen), Association pour l’étude sur les relations entre Europe-Corée du Sud, Séoul, 2004, p.151-194

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