LES DIVERSITÉ DE MODES D'INTÉGRATION
Qu’est-ce que l’intégration ? La notion de l’intégration s’oppose à la différenciation ou encore à la ségrégation. D’après le Robert, c’est « une opération par laquelle un individu ou un groupe s’incorpore à une collectivité, à un milieu ». Il est important de noter qu'il y a plusieurs courants de pensée en relation avec l'intégration, qui proposent des options politiques très différentes : communautariste et thérapeutique, multiculturaliste, intégrationniste, et assimilationniste.
L’école fait rêver l'Antillais de la Métropole dès son enfance. Ses enseignants lui apprennent à raisonner comme un Français, à se considérer comme un Français, et pourtant son histoire le rattrape en toute circonstance, à cause de ses racines non européennes et de la discrimination raciale et sociologique qu'il subit. Il est légalement français mais il ne ressemble pas à un Gaulois. Quelque chose sonne faux au fond de lui-même. Il a beaucoup de mal à se définir, et il a une mauvaise image de lui. Son identité est trouble et multiple, à cause de son histoire saccadée et des frustrations trop souvent répétées. Le poids de la culture est aussi à prendre au sérieux. Celui qui a vécu très longtemps en Métropole devient un étranger autant pour les Métropolitains que pour ceux qui sont restés au pays. Qui est-il ? Parfois il devient un étranger pour lui-même. Certains vivent entre les Antilles et la Métropole. Qui le délivrera de cette torture intérieure ? …
LA DIVERSITÉ DES ÉGLISES PROTESTANTES MÉTROPOLITAINES
Le paysage protestant français présente une très grande diversité... entre Églises multitudinistes et professantes, Églises de tendance libérale et de tendance évangélique, entre Églises dites « historiques » et Églises plus récentes, entre Églises évangéliques dites « classiques » et Églises dites « pentecôtistes » ou « charismatiques », entre Églises « métropolitaines », Églises « missionnaires », et Églises « issues de l'immigration ».
Chaque Église a sa propre culture. Les Églises dites « historiques » sont réputées pour être « froides » et peu accueillantes, à cause du caractère plus impersonnel des relations qui y règnent généralement. Aujourd’hui, certaines sont plus ou moins désertées. Leurs pasteurs sont formés à un niveau universitaire, et les chrétiens antillais ne se reconnaissent pas toujours dans leur style de piété, plutôt austère. Très peu d’Antillais s’y intègrent.
Les Églises nées après la seconde guerre mondiale sont souvent conquérantes ou militantes, c'est-à-dire qu'elles évangélisent activement. Elles sont des Églises de confessants. Certaines ont été implantées par des missionnaires américains ayant servi auparavant aux Antilles, et les chrétiens antillais s’y retrouvent volontiers. En effet, ils donnent une grande importance à l’ambiance qui règne dans l'assemblée et ils trouvent ces Églises plus « chaudes ». En région parisienne, la plupart de ces Églises sont devenues multiculturelles.
Les missionnaires venus travailler parmi les Français, et leurs agences d'envoi, sont parfois frustrés, cependant, de voir arriver dans leurs Églises plus d’Antillais que de « Gaulois ». La présence d’un grand nombre de chrétiens antillais dans une Église métropolitaine peut l’amener à devenir une Église monoculturelle ou multiculturelle. Nous connaissons dans la région parisienne des Églises blanches qui sont devenues noires. Et le problème de l’intégration se pose alors au chrétien métropolitain.
LA DIVERSITÉ DES CHRÉTIENS ANTILLAIS
1. Ceux qui sont en provenance des Antilles
Ils ont une idée précise de ce qu’est la vie d’une Église, en occurrence la leur... Ils ont surtout comme référence le fonctionnement de leur assemblée d’origine. En général, avec des idées bien arrêtées, ils ont une vue un peu étroite et insulaire de ce qu’elle doit être. En général moins « ouverts » que les Métropolitains, ils recherchent d’abord une Église qui ressemble à la leur au niveau du style de vie et de la doctrine. Certains sont désorientés lorsqu’ils ne trouvent pas les repères habituels. Ils ont, dans un premier temps, beaucoup de difficultés à comprendre que le style de vie dans la société métropolitaine influe sur la manière de vivre dans l’Église (les heures des réunions, le style d’évangélisation, les dispositions pratiques de la cène, etc.). Ils commencent à comprendre tout cela après avoir vécu quelques mois en Métropole.
Les chrétiens venant des Antilles parlent très naturellement de Dieu et de leur foi, et ils sont en général très « combatifs », voire agressifs, dans leur manière d’évangéliser. Cela va jouer dans leur intégration de l’Église qu’ils ont choisie. Ce choix est aussi fonction des amis qui les ont précédés en Métropole, qui servent de trait d’union entre les Antillais fraîchement arrivés et l’assemblée métropolitaine. Ils auront tendance à les rejoindre, ce qui facilite aussi leur intégration.
2. Ceux qui se sont convertis en Métropole
Ils ont une autre approche de la vie d’Église. S’ils sont dans une Église métropolitaine, ils sont plus ouverts, plus tolérants au style de vie de la France métropolitaine que les Antillais qui arrivent en Métropole, mais cela dépend, évidemment, du type d’Église dans laquelle ils se trouvent. Leur intégration dans l'Église est facilitée par la connaissance qu’ils ont du milieu métropolitain et des amis (métropolitains ou pas) qu’ils ont déjà dans cette assemblée. Leur foi est une affaire plus privée que publique. En conséquence, ils ne se découvrent pas facilement et ils sont moins « agressifs » que les autres Antillais dans le témoignage. En cela ils sont influencés par les chrétiens métropolitains.
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