Dans une nation petite et apparemment sans importance, enserrée entre deux empires intimidants beaucoup plus puissants, une voix isolée mais persévérante s’élève. Il faut du courage et une conviction impérieuse pour prononcer la condamnation de Dieu sur les personnes qui abusent de leur position d’influence pour un gain personnel.
Comme toujours c’étaient les personnes pauvres qui souffraient. En dénonçant l’injustice sociale de son époque, le prophète Michée n’y est pas allé par quatre chemins. Ceux dont la tâche était de rechercher la justice étaient au contraire résolus à la faire dérailler, prenant en pâture ceux qui étaient trop faibles pour leur résister. Privées de la protection de la loi, les personnes réduites à l’impuissance ne pouvaient que contempler la destruction de leurs moyens de subsistance, voire l’oppression de leurs enfants.
Chefs politiques qui « méprisent la justice » ; juges qui vendent leurs verdicts aux « plus offrants » ; responsables religieux davantage intéressés par la « grande diffusion » et « les rémunérations élevées » que par la proclamation de la vérité de Dieu… le prophète Michée les a tous interpellés et dénoncés pour leur complicité dans la corruption à grande échelle et la mauvaise gouvernance.
Les descriptions que Michée fait de l’oppression sans le frein de la conscience ou de la responsabilité sont tout aussi pertinentes aujourd’hui que lorsqu’elles ont été prononcées la première fois. L’abus de pouvoir et de privilèges continue de refuser aux personnes pauvres la possibilité de créer un avenir meilleur, en leur refusant l’accès à ce qui leur appartient légitimement, même aux droits fondamentaux comme le paiement d’un salaire journalier acceptable pour un travail journalier acceptable.
La question prophétique que l’auteur des psaumes a adressée, il y a bien des années, aux gouvernants, reste tragiquement pertinente et actuelle : « Jusques à quand défendrez-vous les injustes et prendrez-vous le parti des méchants ? » De plus, l’ardent désir divinement inspiré du même chanteur doit lui aussi encore résonner aujourd’hui : « Défendez le faible, l’orphelin, soyez justes à l’égard du pauvre et du malheureux, libérez le faible et le misérable, délivrez-les de la main des méchants ».
C’est un appel à une bonne gouvernance, à une gouvernance juste. C’est une insistance divine pour que les affaires des nations soient gouvernées selon des principes fondamentaux qui veillent à ce que celui qui est faible soit traité avec la dignité qui lui revient légitimement en tant que personne créée à l’image même de Dieu. C’est pour cela que le Défi Michée place au centre de son travail un appel à une bonne gouvernance.
LE GRAND DÉFI
Dans le processus à long terme par lequel Dieu est en train de façonner son peuple racheté et le monde, nous croyons que l’Église joue un rôle central pour réaliser le genre d’épanouissement humain que Dieu désire. En même temps, dans l’accomplissement de notre objectif en tant que gérants productifs de la terre, d’entrepreneurs créatifs ou de laboureurs fidèles, il est très clair qu’un secteur privé recevant et donnant le pouvoir d’agir est lui aussi indispensable. Et nous savons aussi que sans gouvernement et sans cadre international approprié, efficace et compétant, ni le secteur privé ni l’Église ne peuvent avoir d’efficacité.
A) Une bonne gouvernance est essentielle pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le Développement
Depuis longtemps on reconnaît que la bonne gouvernance est un élément essentiel du développement durable et de l’éradication de la pauvreté. Mais dans l’arène internationale, parmi les acteurs à revenu élevé ou/et les acteurs à faible revenu, les discussions constructives autour de la bonne gouvernance sont souvent difficiles et stériles. Les progrès pour parvenir à une bonne gouvernance sont encore plus difficiles.
Pourtant, une gouvernance responsable et de qualité, tant dans les États à revenu élevé que dans les États à faible revenu, est absolument essentielle pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le Développement, ainsi que le but plus large du développement durable. D’ailleurs, certains pays sont même allés jusqu’à adopter un neuvième OMD portant spécifiquement sur les droits humains, la gouvernance démocratique et la prévention de la corruption, et cet OMD s’accompagne d’un ensemble d’indicateurs pour mesurer les progrès dans ce domaine(1).
Le Défi Michée International croit que l’Église, les institutions confessionnelles et les chrétiens dans le monde des affaires, en fait tous les chrétiens où qu’ils se trouvent, ont un rôle central à jouer comme avocats de la bonne gouvernance.
Ce document expose notre réflexion sur pourquoi et comment le Défi Michée, en tant que mouvement international chrétien en expansion, a l’intention d’aider l’Église à mobiliser les chrétiens de tous les horizons à jouer efficacement ce rôle central pendant les cinq prochaines années des OMD.
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