Enjeux théologiques pour les Églises et les œuvres au travers du prisme de la pandémie Covid-19

Extrait Le monde actuel
Conférence donnée lors de l’Assemblée plénière du CNEF du 9 juin 2020. Marc Deroeux, pasteur FEEBF et vice-président de cette institution, revient sur la pandémie du coronavirus qui continue à frapper notre monde. Dans un premier temps, l’auteur insiste sur le fait que cette crise exige une réponse de l’Église, fondée sur l’Évangile. Et, pour que cette réponse soit pertinente, elle doit se faire aujourd’hui pour transformer le monde de demain. Dans un deuxième temps, Marc Deroeux nous offre quelques pistes théologiques et pratiques sur le contenu de cette réponse, en réaffirmant notre rôle de témoin dans ce monde.

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Covid 19  11 696x398 Avec la Covid-19, notre monde, dans sa quasi-totalité, a été secoué par un même fléau. Rares sont les pays à ne pas avoir eu à lutter contre ce coronavirus et à en subir les néfastes effets, tant sur le plan des pertes humaines avec près de 1.000.000 décès, que sur le plan économique avec une dégradation sociale en cours et malheureusement à venir. Neuf pays sur les 197 reconnus par l’ONU n’ont encore fait état d’aucun cas de Covid-19 sur leur territoire, dont étonnement la Corée du Nord.

Nos Églises et nos œuvres n’ont pas été moins épargnées que d’autres par les conséquences désastreuses de ce virus, en France comme ailleurs. Certaines, comme la communauté de la Porte Ouverte Chrétienne de Mulhouse, ont payé un lourd tribut. Par solidarité et compassion, nous avons accepté avec nos contemporains la restriction de nos libertés, certaines fondamentales, pour le bien de tous. Nous avons vécu le temps du confinement comme un moment suspendu dans le cours de notre Histoire commune, et de nos histoires personnelles. Pour les uns, dans le feu de l’action comme tous les soignants à qui nous devons une belle dette de reconnaissance pour leur dévouement, ce fut une période d’agitation, pour d’autres une période d’angoisse et de tristesse d’accompagner un proche atteint, voire emporté par la vague mortelle du virus, et pour certains, nombreux, dont nous sommes, une période bienvenue de prise de recul sur notre quotidien parfois trop bien rythmé.

Quoi qu’il en soit, cette crise, puisqu’il faut bien parler de crise, va laisser pendant plusieurs années, peut-être même une génération, des traces sensibles. Mais que peut-elle bien nous apprendre ? Que retenir en dehors du fait de toujours bien se laver les mains, d’utiliser des masques en cas de maladies infectieuses comme le rhume, la grippe, etc., d’éviter de toucher à tout, en particulier dans des endroits publics, voire même de se faire la bise… ?

Le président J. F. Kennedy a fait remarquer un jour que « lorsqu'il est écrit en chinois, le mot "crise" est composé de deux caractères. L'un représente un danger et l'autre représente une opportunité. » Chaque crise est ainsi, en même temps, une opportunité et une menace. Les crises, le plus souvent causées par des difficultés inattendues, deviennent des occasions de mieux apprécier ou juger une réalité, selon l’étymologie première du mot grec crisis largement utilisé dans le Nouveau Testament. Je reçois le témoignage de beaucoup de mes collègues ou de membres de nos Églises constatant que cette crise du coronavirus, en particulier liée à la période du confinement, a été un temps de décantation permettant de revoir ses priorités au plan personnel, au plan familial, au plan de ses relations comme au plan de ses engagements.

Pour ma part, cette crise pandémique m’a amené à deux constats, un constat de confiance et un constat de réalité :

  • Confiance en la souveraineté de Dieu, en s'appuyant sur le verset 10 du psaume 29 qui affirme ceci : « L’Éternel siégeait lors du déluge, l’Éternel siège en roi pour toujours. »
  • L’affirmation du réaliste auteur de l’Ecclésiaste, que certains jugent à tort pessimiste : « Ce qui a été, c’est ce qui sera, et ce qui s’est fait, c’est ce qui se fera, il n’y a rien de nouveau sous le soleil. », poursuivant aux versets 10 et 11 du chapitre 1 de son livre :

« Y a-t-il une chose dont on dise : Vois ceci, c’est nouveau ! elle a déjà eu lieu dans les siècles qui nous ont précédés. On n’a point souvenir du passé, et ce qui arrivera dans l’avenir ne laissera pas de souvenir chez ceux qui viendront dans la suite. »

Lorsque le trouble gagne en intensité et que tout semble être bouleversé autour de nous, il est précieux de se rappeler que Dieu maîtrise les éléments qui paraissent incontrôlables aux puissants et aux savants de ce monde. Cette confiance est le trait qui caractérise le croyant et qui peut aussi sécuriser son entourage. Au-delà de certains discours catastrophistes qui sont heureusement restés marginaux, nos communautés et nos œuvres ont su faire preuve, pendant cette crise, d’un témoignage calme et rassurant à travers une responsabilité exemplaire.

Pour autant, plusieurs menaces guettent nos Églises comme autant d’opportunités ou d’enjeux à relever et à concilier pour un témoignage authentique. Sous forme de ...

Auteurs
Marc DEROEUX

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