LA GUERRE EST CONTRAIRE À LA VOLONTÉ DE DIEU

Extrait Guerre

Salomé et Corentin Haldemann sont frère et sœur. Salomé est pasteure de l’église mennonite de Béthel à Neuf-Brisach, et membre du conseil d’administration de Church and Peace, une organisation européenne œcuménique pour la paix. Corentin est membre de la commission de réflexion pour la paix des Églises mennonites de France.

En illustration, la photo de François Polito de la sculpture « Non- Violence » réalisée par Carl Fredrik Reuterswärd (Malmö - Suède)


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Revolver« La guerre est contraire à la volonté de Dieu. » Voilà ce qu’ont affirmé publiquement les Églises catholiques et protestantes du monde entier en septembre 2022, réunies à Karlsruhe lors du Conseil Œcuménique des Églises. Ce Conseil est une communauté composée de 352 unions d’Églises dans plus de 120 pays, représentant plus de 580 millions de chrétiens dans le monde. « La guerre est contraire à la volonté de Dieu… ». Pourquoi tant de chrétiens le pensent-ils ?

UNE THÉOLOGIE BIBLIQUE DE LA NON-VIOLENCE

La Bible commence en nous racontant que lors de la création, « Dieu créa les humains à son image*. » Cette « image de Dieu », que tous les êtres humains portent en eux, est le fondement de la non-violence chrétienne. Si tous les humains sont créés à l’image de Dieu, alors celui que je crois être mon ennemi est en réalité mon frère. Lui porter atteinte serait porter atteinte à Dieu lui- même. Un peu plus loin, au moment où le peuple de Dieu se construit lors de la sortie d’Égypte, Dieu lui donne dix commandements pour marquer son identité de peuple de Dieu. Le sixième déclare :

« Tu ne tueras pas(1). » La plupart des experts de la Bible s’accordent pour dire que ce commandement interdit le meurtre mais pas la guerre. Cependant, les livres de la Bible couvrent des milliers d’années et on peut discerner la direction qu’ils prennent. Le mouvement de la Bible agrandit la portée éthique des différents commandements.

En effet, quand un spécialiste des Écritures s’approche de Jésus pour lui demander quel est le plus grand commandement, Jésus ne répond pas : « Tu ne tueras pas » mais « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de tout ton être et de toute ta pensée. C’est là le commandement le plus grand et le plus important. » Jésus ajoute : « Et voilà le second commandement, qui est d’une importance semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » De nouveau, si celles et ceux qui suivent Jésus sont appelés à aimer Dieu et leur prochain, il leur est donc impossible de lui faire du mal.

Mais alors, que faire quand ils sont attaqués ? C’est bien parce que le travail pour la paix est contre- instinctif que Jésus en parle autant. À l’époque de Jésus, la Palestine était sous occupation romaine et les Juifs luttaient sous l’oppression d’un régime violent. Lourds impôts, travail forcé et abus sexuels faisaient partie de leur quotidien. Pourtant, Jésus les appelle, eux, le peuple opprimé par la Rome impériale, à ne pas résister violemment à celui qui fait le mal* et à aimer collectivement leurs ennemis*. Comme nous le verrons plus loin, Jésus a incarné ces convictions jusqu’à sa mort sur la croix.

Les chrétiens croient que ces propos de Jésus sont encore valables aujourd’hui pour toutes celles et ceux qui veulent le suivre, et qu’ils sont valables à tous les niveaux de conflit. Les conflits violents existent, en effet, sur une échelle d’intensité variable qui va du niveau inter-individuel (violence domestique, bagarre entre deux personnes), au conflit armé inter-groupes (guerre des gangs, émeutes), puis à la guerre. La seule différence, c’est le nombre de combattants, car on ne parle de guerre qu’au-delà de 50.000 combattants. Ce- pendant, les dynamiques sont tout à fait comparables. Décider de limiter les principes bibliques à certains barreaux de l’échelle serait particulièrement complexe. À partir de combien de personnes impliquées dans le conflit faudrait-il arrêter de tendre l’autre joue et entrer dans une logique de violence ? Cinq ? Vingt ? Cent-dix ?

LE PROBLÈME DE LA « GUERRE JUSTE »

Pourtant, cette non-violence qui semble si forte dans les évangiles n’a pas toujours été vécue dans l’histoire de l’Église. La doctrine dite de la « guerre juste » y a longtemps régné. Énoncée ...

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1.
Genèse 1.27 ; Exode 20.13 ; Deutéronome 5.17 ; Matthieu 22.35-40 ; Matthieu 5.43-48 ; Matthieu 5.38-42 ; Luc 22.49-51 ; 1 Pierre 2.20-24

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