Timothée est surpris. Qui a eu cette idée saugrenue de suggérer son nom pour animer le culte de son Église ?
Il ressent tout de suite sa responsabilité. S'il accepte cette proposition, il va lui falloir accompagner l'assemblée des chrétiens sur le chemin de la prière, de la lecture de la Bible, du chant, de la louange, de l'écoute... Tâche redoutable pour laquelle il ne se sent pas vraiment prêt.
C'est vrai que, dans les apparences, animer le culte d'une Église évangélique peut sembler facile, car c'est un moment assez peu conventionnel. Le culte se vit dans la simplicité, avec une liturgie peu présente. Il demande simplement que tout soit fait dans la sincérité et dans une communion chaleureuse. Néanmoins, Timothée se sent tout petit et tremble devant cette mission.
Plus il y réfléchit, plus son ignorance lui saute aux yeux. Cela lui rappelle les bons petits plats de sa grand-mère : à table, tout était bon, simple et pas compliqué à préparer. Mais de là à le faire lui-même, il s'en savait totalement incapable !
Timothée a pas mal voyagé avant d'emménager dans sa nouvelle ville et de découvrir l'Église de Bernard dans laquelle il se trouve depuis plusieurs années. Au cours de ses pérégrinations, il a été frappé par la grande diversité des Églises évangéliques et par leurs manières différentes de célébrer le culte. Expérience au début un peu déroutante.
L'Église n'est pas un bâtiment
Son premier contact avec une Église évangélique date de l'époque où il se posait des questions sur Dieu, sur la vie et sur sa propre vie. Il en avait fait part à un ami qui l'avait donc invité à son premier culte.
Connaissant son ami, il ne s'était pas attendu à trouver un lieu très conventionnel, faisant « religieux ». Toutefois il avait quand même été surpris. Tout portait à croire qu'il s'agissait d'un ancien entrepôt reconverti en lieu de prière. Plus tard, il avait découvert que les Églises évangéliques s'établissent parfois dans des lieux assez incongrus : anciens magasins, entrepôts, cinémas... et même des parkings !
Finie l'idée qu'une Église doit avoir nécessairement un clocher ! D'ailleurs dans des pays où le catholicisme est très minoritaire, il avait vu la messe célébrée parfois dans d'anciennes boutiques pas toujours bien aménagées.
La foi d'abord, l'architecture ensuite
En fait, ce fut une découverte pour Timothée de constater que le lieu n'a pas une grande importance. Même les Églises évangéliques qui ont la chance de célébrer leur culte dans un beau temple (c'est ainsi que les protestants appellent généralement leur église), n'attachent pas une importance primordiale au lieu. Pour les chrétiens évangéliques, l'Église n'est pas un bâtiment à vocation religieuse, mais ce sont des hommes, des femmes, des enfants unis par une même foi et rassemblés pour exprimer ensemble leur reconnaissance envers Dieu.
Timothée se souvient encore très bien des paroles de Bernard dans une de ses prédications : « Le Seigneur n'a pas promis sa présence dans des lieux religieux, mais à ceux qui s'unissent en son nom et qui sont capables de vivre le pardon. À eux, le Seigneur a dit : "Là où deux ou trois sont unis en mon Nom, je suis au milieu d'eux" ».
Une communauté d'hommes et de femmes
Ce jour-là, Timothée a compris qu'aucun lieu ni aucun objet ne sont sacrés, car seul Dieu est saint. Ce que Dieu affectionne par-dessus tout, c'est la communauté vivante des hommes et des femmes qui s'y réunissent. Dès lors l'esthétique est appréciable mais pas déterminante.
Du reste, les premiers chrétiens dont parle la Bible se réunissaient où ils pouvaient, souvent dans une grande maison, parfois même dans une école qu'ils louaient.
Timothée a déjà beaucoup réfléchi. Néanmoins il demeure en lui bien des questions demandant des explications.
Doit-il accepter ou refuser d'animer le culte de son Église ? Timothée ne prend jamais de décision hâtive. Il décide donc d'aller chercher les réponses là où il a le plus de chance de les trouver. C'est ainsi qu'il demande un rendez-vous auprès de Bernard, son pasteur.