L’ÉGLISE MÉDIÉVALE (7e-15e siècles)

Extrait Histoire de l'Eglise

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Un chapitre important est consacré à la période médiévale car c’est à ce moment-là que les rapports entre le temporel et le spirituel sont posés avec acuité. L’Église, comme déjà signalé, est la seule institution qui a résisté après la chute de l’Empire romain d’Occident. Ce faisant, la papauté, forte de son prestige, élève des prétentions politiques. Inévitablement, elle entre en conflit avec les royaumes barbares qui se sont installés sur les ruines de l’Empire romain.

On distingue deux phases dans ces relations agitées entre l'Église et les États. D’abord, une phase de collaboration particulièrement visible sous les Carolingiens. Puis, une période plus conflictuelle avec la querelle des investitures aux 11e et 12e siècles. Cette crise s’inscrit dans le programme de réforme de l’Église qui cherche à se soustraire au contrôle des Ottoniens. Ces derniers sont issus de la dynastie originaire de Saxe, qui succède aux carolingiens. Ils sont les fondateurs du Saint-Empire romain germanique.

Le conflit prend une nouvelle tournure au 14e siècle avec l’affirmation du roi de France, Philippe IV le Bel, d’après laquelle le roi est empereur dans son royaume. Aussi essaie-t-il avec ses légistes de destituer le pape Boniface VIII. Il faudra attendre le 19e siècle pour que Napoléon mette un terme au conflit en se coiffant lui-même de la couronne impériale lors de la cérémonie du sacre à Notre-Dame de Paris en 1804.

Le Moyen Âge est aussi une époque fertile sur le plan théologique et ecclésiologique. Ce n’est pas une période obscure, contrairement à quelques idées reçues, mais un temps prolifique dans le champ de la pensée et des découvertes scientifiques, maritimes et artistiques.

L’historien est redevable aux hommes du Moyen Âge, et singulièrement aux moines qui, dans leurs monastères, ont su faire rayonner la culture occidentale.

Enfin, le monde médiéval est celui qui voit se développer et s’imposer des relations de dépendance d’homme à homme. En effet, en l’absence d’un pouvoir fort et protecteur, les hommes ont éprouvé le besoin de se placer sous la protection d'un plus puissant qu'eux. C’est la féodalité.

L’ALLIANCE DU TRÔNE ET DE L’AUTEL ?

L’installation des royaumes barbares issus de la décomposition de l’Empire romain d’Occident opère une mutation sociopolitique, marquée tout de même par une instabilité politique chronique. Celle-ci voit voler en éclats le fragile équilibre des royaumes barbares. La crise s’accentue dans la deuxième moitié du 7e siècle et jusqu’à la première moitié du 8e siècle. Les royaumes anglo-saxon, lombard et surtout franc se trouvent renforcés. « Si on a parlé de morcellement de l’Empire romain, il en va de même de celui des peuples barbares. »(1)

Les Francs parviennent à s'unir autour de la personnalité de Clovis qui fonde la dynastie mérovingienne. Mais, celle-ci s’éclipse devant la dynastie carolingienne. Comme le déclare Michel Rouche :

« À la race sacralisée par le sang succédait la race consacrée par l’onction. Le charisme païen s’effaçait devant celui de la grâce divine. Une nouvelle légitimité naissait avec cette dynastie qui n’allait pas tarder à être appelée ‘’carolingienne’’. »(2)

Sous le règne de Charlemagne se dessine une alliance du trône et de l’autel. Il est fait « père » des Romains en 754, ce qui fait de lui le défenseur de l’Église.(3)

 La politique de Charlemagne est donc novatrice en matière religieuse. Grâce à ses conquêtes militaires, le roi franc impose le christianisme aux peuples vaincus. Ainsi, l’influence du christianisme latin s’étend vers le nord et l’est (pays slaves, Pologne, Hongrie, Scandinavie, Norvège…)

Cela étant, la question de la nature du pouvoir du souverain carolingien se pose et contribue à faire naître de nouvelles relations entre le spirituel et le temporel. Le 25 décembre 800, Charlemagne est couronné empereur à Rome dans la basilique Saint-Pierre. C’est le pape Léon III qui pose la couronne sur sa tête. Ensuite, Charles est acclamé par l’armée franque en ces termes : « Charles, couronné par Dieu, grand et pacifique empereur des Romains, vie et victoire ! » À la fin de la cérémonie, le pape s’agenouille devant le nouvel empereur. Mais, quelque chose déplaît fortement à Charlemagne. En effet, il a le sentiment de détenir son pouvoir du pape. Sa conception laïque du pouvoir est battue en brèche à l’issue de la cérémonie. Néanmoins Charlemagne, durant son règne, n’a jamais abandonné l’idée constantinienne du pouvoir. Celle-ci considère que le pape reste tout simplement le premier des évêques. On se souvient que, lors de son couronnement, c’est le pape qui s’agenouille devant lui. Il conçoit donc son pouvoir comme étant supérieur à celui du pape. Par ailleurs, il reprend également à son compte la conception romaine du pouvoir d’après laquelle l’empereur est source de la loi.

Somme toute, on peut dire que cette mésaventure marque le début des rapports conflictuels entre l’Empire et la papauté. Comme l’indique R. Fossier :

« Cette querelle est capitale pour la compréhension de tout l’idéal politique du Moyen Âge. »(4)

LE ROI MÉDIATEUR

Charlemagne conçoit sa fonction comme celle d'un médiateur entre Dieu et son peuple.

L’Empire à la tête duquel est Charlemagne reçoit l’appellation d’Empire Chrétien parce que la mosaïque de peuples qui le constitue est d’obédience chrétienne. Aussi, Charlemagne se sert-il de l’unité religieuse pour renforcer l’unité politique tout comme l’avait fait son prédécesseur Constantin au 4e siècle. L’empire de Charlemagne se fonde et s’agrandit grâce aux conquêtes militaires. Il souhaite avant tout sécuriser les marches de l’Empire et, par la même occasion, pacifier les territoires conquis. Néanmoins, la plupart des opérations militaires s’effectuent avec la bénédiction de l’Église. Le but est de convertir les peuples païens au christianisme, conversion obtenue le plus souvent sous la menace du glaive.

L’empereur impose à ses sujets une traduction unique de la Bible (la Vulgate) réalisée par des clercs ...

Auteurs
Eddy NISUS

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1.
Robert FOSSIER, ss dir., Le Moyen Age, Paris, Éditions Armand Colin, 1982, p.373.
2.
Michel ROUCHE, in Robert FOSSIER, ss dir., Le Moyen Âge, op. cit., p.375.
3.
L. FELLER. L’Église et la société en Occident : pouvoir politique et pouvoir religieux du VIIe siècle au XIe siècle, Paris, Éditions Sedes/HER, 2001, p.136.
4.
R. FOSSIER, op.cit., p.379.

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