Il est né dans une ville du sud de l’Irak, Najaf. Une ville entourée par le désert et dont les monuments sont couverts de calligraphies. Hassan Massoudy est revenu à cet art après une exploration de la peinture abstraite. Mais cette exploration enrichie encore sa pratique actuelle. Exposant depuis le début des années 80, il parcourt la France pour présenter des œuvres, mais aussi animer des ateliers de calligraphie (1), notamment dans les banlieues et les écoles, et réaliser des spectacles avec l’idée de créer des ponts entre Orient et Occident et de transmettre généreusement son savoir-faire. Une quinzaine de livres a par ailleurs été publiée sur lui ou de lui.
Ses compositions de lettres de l’alphabet arabe sont parfois aériennes comme une envolée, tourbillonnantes comme une flamme ou gonflées comme des voiles bleues. Elles sont inspirées par la méditation de l’artiste sur une phrase d’un poète ou d’un penseur (Khalil Gibran par exemple). Le geste, ensuite, doit atteindre un point d’équilibre. Ce qu’il en dit pourrait être dit de la relation de l’homme avec Dieu:
«Si le point d’équilibre exact n’est pas atteint, on découvre alors ses propres limites, son humanité et la fragilité de l’être…»
Pour lui, la calligraphie n’est donc pas seulement une «belle écriture», mais «une composition abstraite qui exprime une conception du monde» (2). Il rejoint en cela la tradition de la calligraphie arabe où la dimension spirituelle est très présente. La civilisation arabe a fait en effet de «l’art de la ligne» un chemin vers Allah. C’est beaucoup moins le cas de la calligraphie latine. Les moines du Moyen-Âge, par leur travail de copiste de la Bible, lui avaient pourtant donné ses lettres de noblesse, mais sans jamais lui donner autant de valeur: comment, par un simple geste, le corps pourrait-il devenir le médium vers Dieu ou les racines de l’être?