Des violences pas toujours conscientes

Complet Éducation - Famille 1 commentaire

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Chaque jour sans le vouloir, des professionnels et des parents font subir aux jeunes enfants une « violence éducative ordinaire » (VEO) que dénoncent aujourd’hui les neurosciences. Le but de l’éducation n'est pas de culpabiliser mais de faire prendre conscience et réfléchir.

Qu’est-ce que la VEO ?

caucasion boy kid with sadness emotionCatherine Gueguen la définit comme une violence physique et/ou verbale dite « éducative » car elle fait partie intégrante de l’éducation à la maison et dans tous les lieux de vie de l’enfant dont les écoles. Elle est nommée « ordinaire » parce qu’elle est souvent quotidienne, considérée comme banale, normale et tolérée, sinon même parfois encouragée.

Elle ne se limite pas aux fessées et/ou aux claques à répétition. Ce sont les paroles dévalorisantes, humiliantes, blessantes comme : « Tu n’es pas gentil », « Tu es méchant », « Ce n’est pas bien ce que tu fais » avec chantage, menaces, moqueries, mensonges, culpabilisation, etc. Par manque de patience les adultes crient « Dépêche-toi », « Il faut toujours t’attendre », ils poussent, tirent l’enfant brusquement… Ils punissent, font peur, font de gros yeux quand ils ne sont pas contents.

Comment expliquer cette violence ?

- Beaucoup d’adultes méconnaissent ses effets très négatifs. Bien qu’aimant les enfants et croyant bien faire, ils pensent que ces méthodes ont des vertus éducatives. Ils reproduisent ce qu’ils ont subi sans y avoir réfléchi. Il est douloureux de revenir à son enfance et de remettre en cause l’éducation parentale.

- La faiblesse physique de l’enfant en fait consciemment ou inconsciemment un bouc émissaire face à l’attitude dominante de l’adulte.

- Certains ne supportent pas les pleurs et les colères alors que ces tempêtes émotionnelles sont dues jusqu’à cinq, six ans à l’immaturité du cerveau.

- L’immense vitalité bouscule. L’enfant ne tient pas en place. Ces comportements expriment sa grande fragilité. Mais l’adulte veut qu’il reste tranquille…, qu’il ne soit pas un enfant.

« Enfant-tyran » et « enfant-roi » sont des étiquettes qui encouragent les adultes à utiliser des rapports de force. Elles inversent les responsabilités en plaçant l’enfant en position de bourreau et celle de l’adulte en victime. Elles empêchent d’évoluer en matière d’éducation.

Se remettre en question

Toutes ces conceptions ne peuvent plus tenir au regard des connaissances actuelles sur l’immaturité, la fragilité et la vulnérabilité du cerveau à cet âge.

Quand dès l’enfance, les enfants sont élevés sans rapport de force, avec des limites saines et des paroles justes et valorisantes, ils savent davantage, un fois adultes, avoir des relations apaisées sans rapport de pouvoir ni de soumission.  

Agnès Laucher, psychologue de l’éducation et du développement

Bibliographie

Dr Catherine Gueguen, Pour une enfance heureuse, Repenser l’éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau, Paris, Robert Laffont, 2014.

Agnès Laucher, L’art d’être parents, L’enjeu des 6 premières années, La Bégude de Mazenc, Empreinte, 2013.

Auteurs
Agnès LAUCHER

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Commentaires

André Roch

24 December 2022, à 19:19

Merci pour le temps précieux que votre équipe prend à rédiger des articles très informatifs à partager à nos 10 petits-enfants de 6 à 23 ans !

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