La première fois que j’ai écouté Anne me parler du travail de l’association, j’ai été à la fois abasourdie et émerveillée. Avec beaucoup d’émotion entremêlée de rires et de pleurs, elle raconte chaque combat et chaque victoire remportée pour ces femmes, jusque-là rejetées ou méprisées par tous.
Pourquoi ce nom ?
Daniel explique : « L’une des premières filles rencontrées avait pour pseudonyme le nom de Joy. Très tôt, nous avons vu l’espoir apparaître dans ses yeux et dans les nôtres : le nom de l’association était trouvé. Nous cherchons à apporter à ces filles de la joie et de l’espoir dans leur univers innommable. »
Changer de regard
Anne : grâce à la Bible, nous montrons à ces femmes que Dieu ne les tient pas pour responsables d’un péché contraint, mais qu’il fera reposer la peine de la punition sur l’esclavagiste. Ce sont de véritables délestages qui s’opèrent alors sous nos yeux.
Il est important qu’elles comprennent qu’elles ont une grande valeur et que Dieu lui-même voit en chacune une belle personne au-delà de son fard et de son déguisement de prostituée. Elle n’est pas un ratage ou une erreur de la nature car il l’a façonnée, désirée.
Sur le terrain
Anne : nous sommes présents sur les grands boulevards de la métropole à la nuit tombée, sur les routes de campagne la journée. Nos bénévoles cherchent à arracher ces adolescentes au quotidien cruel dans lequel elles évoluent. Nos membres hommes s'attachent à leur témoignent un intérêt sain dépourvu d'ambiguïté pour détruire l'image totalement faussée qu'elles ont d'elles-mêmes et des hommes. Elles pourront ensuite reconstruire une bonne image. Nous accompagnons les jeunes mamans isolées dans leur parentalité. C'est si difficile d'être seule. La rue laisse de grands traumatismes physiques et psychiques.
Renaître
Daniel : j’apprends beaucoup de ces femmes, notamment grâce à leur extraordinaire force de vie en dépit de leur parcours chaotique : « Quand une jeune fille esclave, abusée et arrachée à sa famille chante un Gospel a capella dans la rue, quand une autre encore, au lieu de prier pour elle-même, prie pour moi et ma famille, je reçois énormément. »
Ce que la presse en dit
Ils sont une poignée de Montpelliérains à tenter de faire exister [ces femmes] en tant qu’êtres humains. Le chemin est encore long pour venir à bout d’un crime qui, pourtant exposé aux yeux de tous, reste invisible. En attendant de pouvoir sanctionner les marionnettistes de cet esclavage à grande échelle, seul un changement de regard sur la prostitution permettra de chasser la honte de celles qui l’exercent, chaque jour, malgré elles.
Le Nouveau Montpellier du 28 décembre 2015.