En avril dernier, des ouvriers de l’usine PSA de Valenciennes ont décidé de reverser leur prime de participation aux Restos du cœur. Ils ont ainsi voulu tourner en dérision le geste de la direction qui leur avait « généreusement » octroyé entre 0,40 € et 18 € de primes.
En vis-à-vis de cette aumône insultante, le salaire du nouveau PDG de PSA, Carlos Tavares (encore un Carlos…), est de... 13.000.000 € par an, plus une part variable qui, n’en doutons pas, excédera de loin les 18 €.
Des revenus modestes qui montrent l’exemple
Cette initiative est un des actes les plus intelligents et les plus prophétiques auxquels nous avons assisté récemment. Prophétique au sens où il témoigne, proteste et annonce. À l’heure du chacun pour soi où, après avoir proclamé « nous irons jusqu’au bout », les employés licenciés soutirent un maximum de primes de licenciement avant de capituler et d’accepter le démantèlement de leur usine, les ouvriers de Peugeot-Citroën ont fait un acte de solidarité concrète. Peut-être feront-ils ainsi honte aux oligarques qui vivent dans un autre monde que celui que nous connaissons, vous et moi ?
Évidemment, c’est comme quand on donne à la Recherche contre le cancer : on s’aide un peu soi-même dans ce type d’action. Commentant cette initiative partie de quelques ouvriers et suivie par de nombreux collègues, Cédric Brun, de la CGT, ne dit pas le contraire : « Quitte à prendre des primes pareilles, autant les reverser aux Restos du cœur, parce que si ça continue, c'est nous qui allons finir là-bas. Les salariés sont excédés et ne comprennent plus la politique salariale de l'entreprise ».
Endurcissement
Hélas, il est à craindre que la honte n’effleure même pas les hyper-riches qui s’auto-votent des revenus de plus en plus élevés tout en suggérant la possibilité de payer les travailleurs en dessous du SMIC (il est vrai qu’il existe en Allemagne des « salaires » d’1 € de l’heure…).
Il faudrait regarder le film Les Dix Commandements et voir ce qui est arrivé au pharaon qui ne voulait pas laisser partir les Hébreux qu’il retenait esclaves. Le texte biblique nous dit que le pharaon « s’endurcit » à plusieurs reprises , jusqu’à que les choses basculent : c’est Dieu qui finit par endurcir le cœur du pharaon, jusqu’à le précipiter à sa perte.
Presque tous les journaux font état de cet endurcissement des leaders de la finance, du commerce mondial et du grand patronat, et ils analysent les attitudes et les chiffres vertigineux qui le prouvent. Cela ne pourra pas durer, et cet endurcissement, cette insensibilité entretenue et croissante finira en une forme de suicide naturel ou divin, ou les deux. Le discours politique qui ne passe plus, et qui fait la prospérité des partis autoritaires, c’est le fait d’exiger des efforts toujours plus durs des classes basses et moyennes alors que s’étalent avec insolence des richesses telles que nous n’en comprenons plus le nombre de zéros. Il faudra bien un jour que soit puni le règne inique de l’insolence des riches. Let my people go.