Vérité et mensonge

Le mensonge n’est certes pas une nouveauté en politique. Platon et Aristote philosophaient déjà sur le sujet.

Mais, avec l’avènement d’Internet, nous assistons à deux phénomènes nouveaux. Premièrement, chacun, ignorant ou expert, a la possibilité de donner son avis, avec un souci de la vérité parfois d’autant plus limité qu’il peut le faire en restant anonyme.

Deuxièmement, on observe un déferlement organisé de fausses informations et des tentatives à manipuler l’opinion publique par toutes sortes de fausses rumeurs et de fausses nouvelles.

Et il semble que ces mensonges produisent leur effet et trouvent des oreilles attentives. Le phénomène est complexe et fait débat.

- Il y a d’abord une réalité repérée depuis bien longtemps, aussi vieille que l’humanité : les humains prêtent une oreille plus attentive quand on leur dit ce qu’ils aiment entendre. Les promesses et la flatterie notamment s’appuient sur ce phénomène. Mais aussi les rumeurs négatives concernant telle personne que je n’aime pas. Récemment est apparu un cas extrême de cet aspect : le refus de prendre en compte des informations pourtant bien étayées, y compris scientifiquement, parce que ces informations ne nous plaisent pas. La question du réchauffement en est un bon exemple. Ce phénomène a d’ailleurs provoqué diverses manifestations en faveur de la science le 22 avril de cette année un peu partout dans le monde.

- Un deuxième aspect, plus moderne est que nous sommes submergés par la masse d’informations charriée par Internet, et que nous avons de moins en moins souvent la capacité de distinguer le faux du vrai.

- Un troisième aspect est que nous avons de plus en plus tendance à faire des choix basés sur l’émotion, l’affectif et non sur une recherche aussi objective que possible.

Le recul de la recherche objective de la vérité amène avec lui un nombre important de problèmes. Le premier est l’accroissement proportionnel du manque de confiance dans les informations reçues et, in fine, du manque de confiance dans la parole les uns des autres. Or, le vivre-ensemble a un besoin vital de confiance réciproque, sans tomber pour autant dans la naïveté. La méfiance généralisée nous sépare les uns des autres.

Deuxième problème : le fonctionnement démocratique se construit sur une confrontation des divergences qui peut être ferme, mais qui passe par un dialogue de qualité. C’est ainsi que devraient se passer les débats au parlement, mais aussi dans toutes les structures politiques : conseils départementaux, municipaux, etc. Or, le manque de confiance rend compliquée la culture du débat qui est un fondement de la démocratie, et le fait de fonder ses positions sur des raisons affectives ne favorise pas la confrontation. On assiste plutôt à un durcissement des positions, une tendance au repli sur soi et sur sa famille, son groupe, sa communauté.

Rechercher la vérité, discerner tant bien que mal entre le vrai et le faux, tout cela demande du désir et de la volonté. Il s’agit d’aimer la vérité et de faire son possible pour s’en approcher. Cela suppose une capacité de recul sur ses idées de base, de remise en question, pour entrevoir des réalités nouvelles. Il est également nécessaire d’écouter ce que pensent les autres pour élargir et affiner son point de vue.

Ce travail est essentiel, car la connaissance libère. Elle donne des clés pour se situer, pour choisir, pour grandir, seul et avec les autres.