Tunisie, Égypte, Yémen, Libye… Le monde arabe est secoué depuis plusieurs mois par une vague de révolutions. Seront-t-elles noyées dans le sang, détournées pour mettre en place des dictatures extrémistes, des pouvoirs militaires ou de nouveaux «hommes forts»? Bien malin celui qui pourrait aujourd’hui tracer les plans des années à venir et garantir que la voie de la démocratie est ouverte pour ces pays. La révolution en Iran avait chassé un tyran, le chah; elle a mis en place, sous un vernis de démocratie, une dictature religieuse fanatique qui aujourd’hui inquiète le monde entier. La guerre en Irak a mis fin au règne d’une dictature cruelle, mais la situation des populations locales a empiré: insécurité, problèmes sanitaires, persécution accrue des minorités chrétiennes. Il y a près d’un siècle, la révolution communiste en Russie a éliminé le pouvoir inique des tsars mais c’est un pouvoir totalitaire célèbre pour ses goulags, sa folle gestion des ressources agraires, ses hôpitaux psychiatriques pour opposants politiques… qui a émergé.
Le temps de construire
Malheureusement, il ne suffit pas de vouloir se débarrasser d’un mauvais pouvoir pour obtenir une situation politique démocratique et stabilisée. Encore faut-il avoir autre chose à mettre en place. Sinon, pour reprendre les paroles de Jean-Jacques Goldman, l’histoire risque bien de parler de tous ces mouvements comme de «révolutionnaires qui voulaient remplacer les méfaits de leurs pères par leurs propres excès»(1).
La même dynamique se retrouve au niveau personnel. Avec le Nouvel An, même si nous l’avons déjà oublié, nous sommes nombreux à avoir pris de bonnes résolutions. Mais il ne suffit pas de vouloir se débarrasser des mauvaises habitudes, encore faut-il avoir la dynamique et la volonté d’en mettre d’autres à la place. Sinon les kilos en trop resteront des kilos en trop et la consommation de cigarettes toujours le même problème.
Il en va de même pour tout dans la vie. C’est pourquoi l’Évangile ne nous parle pas de supprimer ce qui est problématique en nous mais de le remplacer. C’est pour cela qu’il est une réelle libération, une véritable révolution. C’est une résurrection qui commence ici et maintenant, une recréation qui connaîtra sa plénitude auprès de Dieu. Sur toutes les places Tahir ou Tienanmen de notre vie, il n’y a pas un vide inquiétant ou un tyran déguisé mais un Sauveur au service de l’humanité qui nous appelle et nous attend, quelqu’un qui a fait les preuves de son amour et de son honnêteté, et qui veut guider notre révolution intérieure. Pourquoi ne pas lui donner les clefs du pouvoir?