17 juin 1574, mort du poète français Louis Des Masures (v 1515-1574). Le poète Louis Des Mazures (1515-1574), est né à Tournai. Ce lettré, d’abord poète de cour, met finalement sa plume au service du théâtre biblique et de la poésie spirituelle et militante.
Louis Des Masures est un poète français d'origine wallonne, né à Tournai vers 1515 et mort à Eschery (Sainte-Marie-aux-Mines) le 17 juin 1574.
Il fut au service de la maison de Lorraine, protégé par le cardinal Jean de Lorraine. À la cour de François Ier, avant son adhésion au protestantisme, il fut en relation avec bon nombre d'humanistes. Dans les dernières années de sa vie, il fut pasteur à Metz, Bâle et Sainte-Marie-aux-Mines.
Ses «Vingt Psaumes de David, traduits selon la vérité hébraïque, et mis en rime française » (1557) forment un ensemble de grand valeur, dont voici deux exemples :
Psaume 82
Dieu toujours tient le premier lieu
Au conseil des Seigneurs et Princes
Il juge et préside au milieu
Des hautains Juges des Provinces.
Jusques à quand maintiendrez-vous
Des pervers jugements l’usage ?
Et vous rengerez dessus tous
Des méchants selon le visage ?
Faites justice à l’indigent
Au pauvre donnez sure adresse.
L’humble soit de son mal urgent,
Et l’affligé mis hors d’oppresse.
Retirez par devoir humain
L’innocent d’ennui et de peine :
Et le délivrez de la main
Du pécheur, qui de fraude est pleine.
Las, ils n’ont sens, n’entendement :
Parmi l’obscur, ils vont grand erre :
Tant d’ébranlés sont grandement
Tous les fondements de la terre.
Bien vous ai-je au vrai dit ainsi :
Vous êtes dieux régnants au monde :
Vous êtes tous enfants ici
En qui force et hauteur abonde.
Mais si mourrez-vous toutefois
Ainsi que meurt le plus bas homme :
Et tomberez tous une fois,
Comme un tyran que mort assomme.
Lève-toi, Seigneur, lève-toi
Que juger la terre tu viennes :
Car toutes nations je vois
Par droit héritage être tiennes.
Psaume 90
Tu es, Seigneur, notre unique recours,
Des que le temps éternel a son cours :
Ains que les monts s’élevât la grandeur,
Ni se formât la terre et sa rondeur,
De siècle en éternité toute,
Et à jamais tu es seul Dieu sans doute.
Tu réduis l’homme en poudre (poussière) par tes mains,
Et dis alors, sus retournez humains :
Car devant toi, de mille ans l’espace a
Autant qu’un jour qui seul hier passa :
Voire non plus est à toi diuturne (qui dure longtemps)
Que peut durer une veille nocturne.
Car à ton ire (colère) en nous la vie faut :
Tremblante crainte et frayeur nous assaut
Lors que d’ardeur est ton courage épris.
Nos faits pervers devant toi sont compris :
Et nos péchés plus secrets sont en place
Mis en clarté devant ta sainte face.
Nos jours sont nuls quand tu es courroucé.
Et plus soudain que le mot prononcé
Passent nos ans, qui soixante-dix font :
A quatre-vingt les plus vigoureux vont,
Et la vigueur qui en cet âge reste
N’est que douleur et misère moleste (désagréable, pénible).
Ainsi soudain le terme passe et court,
Et notre vie est un vol vite et court.
Qui est celui par qui soit estimé
Ton grief courroux contre nous animé ?
Comme chacun ta crainte a plus expresse
Ton ire ainsi plus vivement le presse.
Le nombre donc veuille nous enseigner
De nos brefs jours pour comprendre et gagner
Science au cœur qui te va invoquant :
Retourne, Sire, est-ce en vain ? Jusqu’à quand ?
A tes servants de ta grâce ordinaire
Soit en tout temps propice et débonnaire (bienveillant).
Ta bonté vienne au matin nous saisir
Afin qu’ayons en toi joie et plaisir
Durant nos jours, donne soulas (consolation) plus doux
En lieu du temps qui a été contre nous.
Et pour les ans qu’avons en douleur pleine
Tant enduré de travail et de peine.
Ton œuvre soit à tes serfs refulgent (éclatant),
Et à leurs fils ton honneur cler (brillant) et gent (beau):
Soit la splendeur du Seigneur notre Dieu
Luisante en nous : de nos mains en tout lieu
L’œuvre conduis, l’œuvre (encore le dis-je)
Entre nos mains conduis, dresse, et dirige.