Ce sont les protestants anglo-saxons, champions de la lutte contre l’esclavage, qui avaient introduit les idées abolitionnistes sur le continent.

L’éphémère "Société des Amis des Noirs", fondée à Paris le 19 février 1788, au 3 rue Française, est la copie conforme de "l’Anti-slave Trade Society" de Londres (et toutes les sociétés successives fondées par la suite ont des liens solides avec Londres).
Cette société, créée par Jacques Pierre Brissot et Étienne Clavière, avec l’aide du pasteur Benjamin Sigismond Frossard (1754-1830), avait pour but l'abolition immédiate de la traite des Noirs et non de l'esclavage. Et cela pour deux raisons : d'une part dans le souci de maintenir l'économie des colonies françaises, et d'autre part dans l'idée qu'avant d'accéder à la liberté, les Noirs devaient y être préparés, et donc éduqués.
Benjamin Sigismond Frossard (1754-1830), publia peu après, en 1788, un ouvrage remarqué :
« La cause des esclaves nègres et des habitants de la Guinée portée au Tribunal de la justice, de la religion et de la politique, ou histoire de la traite et de l’esclavage des Nègres, preuves de leur illégitimité, moyens de les détruire sans nuire ni aux colonies ni aux colons ».
Ce livre fut suivi en 1793 d'un autre présenté cette fois à la Convention nationale :
« L’observation sur l’abolition de la traite des Nègres ».
Membre de cette première "Société des Amis des Noirs", Frossard en fut surtout en 1796 l’un des refondateurs aux côtés de l’abbé Grégoire. Pour ce professeur et Doyen de la faculté de théologie protestante de Montauban (à partir de 1809), l’esclavage est contraire aux,
« préceptes de la religion chrétienne. »
Ces préceptes n’étant autres selon Frossard, que
« la liberté d’agir et de juger, l’égalité qui unit tous les hommes et la charité qui anime tous les cœurs. Aussi l’Évangile interdit-il aux chrétiens de participer à une entreprise qui « corrompt les maîtres et abrutit les esclaves ».
Les pasteurs étaient
« invités à défendre les droits de l’humanité outragés par l’esclavage ».
Et par conséquent les Églises et les nations qui avaient soutenu ou organisé la Traite étaient déclarées coupables de crime contre l’humanité, et devaient se repentir en dénonçant la traite si elles voulaient rester fidèles à la religion chrétienne et aux droits de l’Homme.