23 avril 1832. Les séjours parisiens de Félix Mendelssohn

publié le 23 April 2022 à 02h01 par José LONCKE

Le 23 avril 1832. Félix Mendelssohn quitte Paris où il aura séjourné à plusieurs reprises...

3 rue Louis-Legrand : Ecole de musique de Madame Kiéné
Marie Kiéné Bigot de Morogues (1786-1820), alsacienne de Colmar, est l’interprète favorite de Beethoven. Elle s’installe à Paris en 1809. Pour gagner sa vie, elle donne des leçons de piano. La réputation de la pédagogue est à la hauteur de celle de la concertiste et les élèves se pressent à ses cours. Parmi eux, Félix et Fanny Mendelssohn qui séjournent à Paris en 1816. Leur Père, qui les accompagne voulait absolument leur faire prendre des cours auprès de Marie Bigot.

Bien après leur retour leur retour en Allemagne, Mendelssohn père continua à prendre conseil pour l’éducation musicale de Fanny auprès de Marie Bigot. De santé fragile, Marie Bigot décède le 16 septembre 1820. Elle n’a que 34 ans. Sa mère continuera à tenir salon  et sa sœur et sa fille à tenir l’École de musique. Mendelssohn  correspondra avec elles et ira jouer à plusieurs reprises dans leur salon. 
Ainsi, en mars 1825, lors de son second voyage à Paris, Félix Mendelssohn  y joue, son "Quatuor pour violon, alto, violoncelle et piano n°3, en si mineur, op. 3",  avec Mial, Norblin et Baillot.

Le  Paris de 1825 est, pour Mendelssohn, source une grande déception :


« Comment demeurer dans une ville où pas un musicien ne connaît une mesure de Fidélio et surtout, estime Bach comme une vieille perruque bourrée de science », écrira-t-il.


2 bis rue du Conservatoire : Ancienne salle de concert du Conservatoire

23 avril 1832. Les séjours parisiens de Félix Mendelssohn
Lors du troisième séjour de Mendelssohn à Paris (à partir du 9 décembre 1831), il côtoie de nouveau une partie de l'élite musicale parisienne, dont Chopin, Kalkbrenner, Ferdinand Hiller, Meyerbeer, Pierre Baillot, Habeneck, mais aussi Heine.
Le Conservatoire national supérieur d’Art dramatique a pris la suite du Conservatoire de musique. Mais la salle pompéienne existe toujours, qui accueillit au début du 19ème siècle, les premiers concerts de musique allemande, encore peu jouée à Paris.
Mendelssohn loue dans son journal la qualité des musiciens parisiens. Ses œuvres d'orchestre n'ont jamais été si bien jouées que par Habeneck, dont il souligne le sens des nuances. Il ne cache pas non plus son admiration pour le violoniste Pierre Baillot.
C’est au  Conservatoire de Paris qu’eut lieu le 17 mars 1832 la première audition publique de "l’Octuor" sous les archets de l’ensemble dirigé par Pierre Baillot. Le  "Quatuor en la mineur" est interprété le 14 février 1832 ainsi que "l’Ouverture du Songe d’une nuit d’été". Mendelssohn y interprète le "Quatrième concerto pour piano" de Beethoven.


16 boulevard Poissonnière : Editions Richault
Lors de ce troisième voyage à Paris, Mendelssohn remanie son "Quatuor pour violon, alto, violoncelle et piano n°3", et le fera éditer par Richault.


22 boulevard Poissonnière : Frédéric Chopin
Mendelssohn se lie d’amitié avec Frédéric Chopin, qui  habita le rez-de-chaussée de cette maison (1831-1832). Chopin adorait Bach et passait des heures à jouer et enseigner les préludes et fugues du grand compositeur – et cette influence s’entend dans les nombreux passages en contrepoint de ses dernières œuvres, notamment les deux nocturnes de l’opus 62 et le deuxième de l’opus 55.
Bach a du rapprocher les deux hommes. Mendelssohn n’a-t-il pas écrit :

 « Si j’ai écrit plusieurs morceaux de musique religieuse, c’est que c’était un besoin pour moi, de même qu’on éprouve le besoin de lire un certain livre, la Bible… et que ce livre-là seul vous satisfait… Si mes compositions ont quelque ressemblance avec celles de Bach, je n’y puis rien non plus car je les ai écrites ligne pour ligne sous mon impression du moment et si les paroles m’ont impressionné de la même manière que le vieux Bach, je n’en dois être que plus content. »

12 rue Le Peletier : Opéra Pelletier
Mendelssohn demeure face à l’Opéra Le Pelletier. Il n’a qu’à traverser la rue pour voir "Robert le Diable" de Meyerbeer (qu’il n’apprécie pas d’ailleurs).
 

13 rue du Mail: Franz Liszt
Liszt interprète magnifiquement à la première lecture le concerto pour piano fraîchement achevé par Mendelssohn, ce qui déclenchera l’enthousiasme du jeune compositeur.
Dans cette maison le maître hongrois Franz Liszt (1811-1886) fut accueilli de nombreuses années par la famille Erard.

23 rue du Mail: manufacture Erard
Pierre Erard (1794-1855), avait encore étendu la réputation de la Manufacture de pianos fondée par son oncle, Sébastien Erard, par de nouvelles inventions et d'heureux perfectionnements. Les pianos Erard étaient prisés dans le monde entier pour la clarté exceptionnelle et l'équilibre de leur son, et les nombreuses améliorations introduites, y compris l'action double échappement. Tous ces perfectionnements ont largement contribué à développer la version moderne du piano que nous connaissons aujourd'hui ! Haydn, Beethoven, Chopin, Liszt, Mendelssohn, Verdi, Ravel ont tous les détenus des pianos Erard. On peut encore voir au 23 rue du Mail (non loin de la Bourse) les anciens bâtiments de sa manufacture.

9 rue Cadet : Salons Pleyel
Le 26 février 1832 Mendelssohn se rend dans les Salons Pleyel pour écouter Chopin.

6 rue Monsigny
Société des Saint-simoniens : Mendelssohn y interprète son "Quatuor en si bémol".

« L’existence dans ce mouvement religieux de quelques Pères infaillibles qui donnent des ordres à leurs subordonnés et distribuent « le blâme et l’éloge » et qui leurs demandent de confesser leurs fautes, allait si directement à l’encontre  du luthéranisme, du libéralisme et de l’individualisme  de Mendelssohn que celui-ci ne pouvait leur conserver plus longtemps son intérêt ».

21 rue des Filles-Saint-Thomas : François-Antoine Habeneck
Au début de l'année 1832, Mendelssohn fit parvenir sa "Symphonie nº 5 en ré majeur, opus 107", à François-Antoine Habeneck, espérant la faire jouer par l'Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire à Paris.
Cette symphonie de Mendelssohn fut composée en 1829-1830. Protestant fervent, Félix Mendelssohn, en voyage en Angleterre, avait tenu à célébrer le tricentenaire de la confession d'Augsbourg, qui entérine la création du Luthéranisme, en écrivant une symphonie. Ainsi naquit cette symphonie dite "Réformation". Bien que ce ne fut pas une œuvre de commande, Mendelssohn espérait n'avoir pas de mal à la faire représenter à Berlin, Leipzig ou ailleurs lors des célébrations officielles organisées dans toute l'Allemagne. Mais ce ne fut pas le cas, en partie à cause des origines juives du compositeur.
Dans un premier temps Habeneck accepta de la faire connaître aux habitués des concerts du conservatoire de Paris.

« Je n’aurais jamais rêvé, s’écrie Mendelssohn, que je l’entendrais pour la première fois à Paris ». 

Mendelssohn se réjouit de ce que Habeneck lui avait promis sept ou huit répétitions. Mais la symphonie ne franchit pas l'étape de la troisième  répétition. Jugée "trop savante et trop fuguée", ou pour dire autrement : trop austère, elle fut remplacée par une symphonie d’Onslow !
Mendelssohn ne pardonnera pas l'offense. Il renoue du coup avec ses anciennes récriminations contre les mœurs...

Ce refus et une épidémie de choléra (attaque de choléra qui fut sans gravité) lui fit quitter Paris sans regrets pour Londres (23 avril 1832).

Rue Amelot : Cirque d’Hiver (anciennement Cirque Napoléon)
En 1867, 20 ans après la mort de son géniteur, la symphonie "Réformation" reçoit un accueil triomphal lorsqu’elle est enfin mise au programme par Jules Pasdeloup des concerts populaires de musique classique dans l’immense amphithéâtre du Cirque d’Hiver.

 

Sources : Ferdinand Hiller, Félix Mendelssohn-Bartholdy, Lettres et Souvenirs, J. Baur, 1867, pp 120-142.
R.P.Locke, Les Saint-simoniens et la musique, Mardaga, 1992, pp 165-172
Hugh Macdonald Beethoven’s Century, Rochester Press, 2008, p187.
Lettres inédites de Mendelssohn, p 289s

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