23 novembre 1654. Nuit de la conversion de Blaise Pascal

publié le 23 November 2021 à 01h01 par José LONCKE


23 novembre 1654. Nuit de la conversion de Blaise Pascal

C’est un accident de la circulation sur le pont de Neuilly en 1654, alors qu’il se rendait tranquillement à Argenteuil, dans le carrosse de son ami Artus de Roannez, qui va radicalement transformer la vie de  Blaise Pascal (1623-1662) ; il y verra un signe que Dieu lui adressait.

On ne connaît pas la date exacte de l’accident, mais selon le chanoine Arnoul, curé de Chambourcy et chanoine de l’abbaye de Saint-Victor, celui-ci eut lieu « quelques années avant sa mort » :

« M. Pascal étant allé, selon sa coutume, un jour de fête, à la promenade au pont de Neuilly avec quelques-uns de ses amis, dans un carrosse à quatre ou six chevaux, les deux chevaux de volée prirent le frein aux dents à l’endroit du pont où il n’y avait point de garde-fou et, s’étant précipité dans l’eau, les laisses qui les attachaient au train de derrière se rompirent en sorte que le carrosse demeura sur le bord du précipice… »

Donc, Pascal qui, le moment d’avant devisait  tranquillement, se découvre soudain sur le « bord du précipice ». Il croit qu’il va mourir ; mais le carrosse s’arrête in extremis au bord du précipice. Pascal est sauvé, il pense qu’il s’agit là davantage que d’un simple sauvetage, mais bien d’un véritable Salut que Dieu lui a accordé.
Il semble avoir vécu, à partir de là, une véritable metanoïa spirituelle. Dans le prolongement directe de cet accident, un autre événement marque en effet, la naissance du véritable Pascal.

Le  23 novembre 1654, Pascal eut alors une nuit d’illumination et d’extase. Ce soir là, le naufragé incrédule saisit la bouée miraculeusement à portée de sa main. Il écrivit à la hâte ce qu’il voyait et ressentait, puis il cousit ce qu’on appelle depuis lors le Mémorial de Pascal, dans la doublure de son vêtement où on le trouva après a mort. Ce texte fort court, où de nombreuses phrases très brèves sont écrites sans verbes, témoigne d’une expérience bouleversante tout entière commandée par ces mots :

"Joie, joie, joie, pleurs de joie », « certitude, joie, paix…".

Pascal se trouve en communion avec le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob, et non plus avec le Dieu des philosophes et de savants. Ce Mémorial consacre ce que l’on peut appeler la conversion de Pascal dont la vie se trouve désormais transfigurée :


"Je m’en suis séparé ; je l’ai fui, renoncé, crucifié.
Que je n’en sois jamais séparé".

Il ne se conserve que par les voies enseignées dans l’Evangile : Renonciation totale et douce. »
Il  trouve les mots pour développer avec logique et précision l’expérience profonde de conversion à Dieu qui fait de d’un homme un chrétien : l’illumination soudaine, la paix avec Dieu, la joie du salut, la découverte de la véracité de l’Évangile, l’amour, le repentir, l’engagement dans une nouvelle direction, l’espérance d’une vie nouvelle…

Dès lors la vie de Pascal change du tout au tout et il consacre ses dernières forces au service de Jésus-Christ. Il cherchera, en particulier à écrire une Défense du Christianisme dont les pensées éparses, sont aujourd’hui rassemblées dans « Les Pensées de Pascal ». Sans le Pont de Neuilly, point de "Pensées"…

92 express, printemps 2007, p 74.
Jean Brun, La philosophie de Pascal, Que sais-je n° 2711, p 18.

 

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