26 mars 1885. Van Gogh et la Bible de son père

publié le 26 March 2022 à 01h01 par José LONCKE

26 mars 1885. Van Gogh et la Bible de son père

Van Gogh a souhaité devenir pasteur en 1877, à l'âge de 24 ans. Son père et son grand-père l'étaient aussi (mais plusieurs de ses oncles travaillaient dans le commerce d'art).
De 1873 à 1877, c'est la lecture de la bible qui l'intéresse par-dessus tout. Il veut devenir prédicateur. Parallèlement il visite les musées. Souvent, dans ses lettres à son frère Théo, il évoque la peinture, mais sans envisager d'en faire son métier. Il entreprend des études de théologie à Amsterdam. C'est l'échec : en 1878, il est refusé à la faculté de théologie.
Encore à cette époque, si la peinture l'intéresse, c'est plus comme moyen d'évangélisation que comme art. Mais son zèle fanatique, son abnégation font peur aux pasteurs. Il est incapable de se soumettre à une discipline, accompagne les ouvriers au fond de la mine, dessine de plus en plus, mais n'abandonne pas sa vocation. Méprisé, il évangélise solitairement. En 1879, il arrête les études, se dispute avec sa famille, mais ne renonce toujours pas à l'apostolat.

Il vit la peinture comme le prolongement de la foi. Peindre fixe l'infini dit-il. Quand, en 1880, il commence à étudier l'anatomie et la perspective, il le fait avec la même fougue qu'il a lu la Bible : le dessin le sauve. Ses modèles sont des charbonniers ou des tisserands. Jusqu'en 1885, date de la mort de son père, il vouera sa peinture à la défense des pauvres.

Sans ce point de départ religieux, Van Gogh n'aurait pas été aussi ferme sur les principes, il n'aurait pas refusé tout compromis avec les autres peintres qu'il fréquentait, il n'aurait pas radicalisé ses positions jusqu'à se couper l'oreille et faire de la couleur un enjeu moral.

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Van Gogh nature morte à la Bible ouverte et au candélabre, Musée Van Gogh, Amsterdam

Ce tableau a été peint en quelques heures en octobre 1885, quelques mois après la mort de son père (le 26 mars 1885). Il porte la mémoire de ce Théodorus Van Gogh qu'il a idolâtré et rejeté avec âpreté pour pouvoir tracer sa route.

A côté du grand livre ouvert sur le chapitre 53 du livre d'Esaïe, impressionnant, se trouve un modeste livre jaune tout usé à force d'avoir été lu : La joie de vivre (titre de Zola, en français).
Dans les jours qui suivront la mort de son père, Vincent refusera sa part d'héritage car, disait-il, il n'avait pas vécu d'une manière approuvée par son père. La chandelle est éteinte, mais il portera haut et loin le nom des Van Gogh. Quand il peindra d'autres livres, la couleur dominante sera souvent jaune : couleur de jouissance.

Vincent a presque 32 ans. Sa longue adolescence se termine. Il ne cède pas devant son père : les idées françaises, révolutionnaires, prennent la suite de la pensée religieuse, qui reste ouverte à jamais. Il vient de finir, en mai 1885, Les mangeurs de pomme de terre. Une longue période de souffrance et d'échec doit s'achever. Il est temps de passer à la couleur: laisser le fond sombre pour s'exposer à la lumière...

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130 après

Plus de 130 ans après sa mort, l’artiste Vincent Van Gogh continue à faire l’actualité du marché de l’art. En mai 2022, une toile inédite du peintre néerlandais, intitulée «Champs près des Alpilles» (photo) sera vendue chez Christie’s New York, une société de vente aux enchères.

C’est aussi l’une de ses lettres qui a été mise en vente le 5 avril 2022, et estimée entre 200 000 et 250 000 euros (environ 250 000 francs) chez Aguttes. Dans son courrier adressé depuis l’hôpital psychiatrique d’Arles à ses amis Marie et Joseph Ginoux, Vincent Van Gogh évoque ses souffrances, ses pensées suicidaires et sa volonté de persévérer, n’étant pas «maître de (son) existence», souhaitant «apprendre à vouloir vivre, même en souffrant». Un signe de sa foi chrétienne toujours présente. S'il a rompu avec l’Eglise, la lecture de la Bible continue de marquer sa vie. Dans une de ses dernières lettres adressées à son frère Theo, Vincent évoque un courrier qui a été pour lui «comme un Evangile, une délivrance de l’angoisse». Une affirmation indirecte de l’apaisement que lui procurait la lecture de la Bible.

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