5 novembre 1549. Duplessis-Mornay poète

publié le 5 November 2022 à 01h01 par José LONCKE

5 novembre 1549. Duplessis-Mornay


Philippe Duplessis-Mornay, en réalité Philippe de Mornay, seigneur du Plessis–Marly, également appelé Philippe Mornay Du Plessis (né le 5 novembre 1549 à Buhy, dans l'actuel Val-d'Oise - mort le 11 novembre 1623 à La Forêt-sur-Sèvre, près de Cerizay, dans les Deux-Sèvres) était un théologien réformé, un écrivain, un poète, un diplomate et un homme d'État français, ami d'Henri IV, qui fut l'un des hommes les plus éminents du parti protestant à la fin du 16e siècle.
Il mourut après avoir béni, debout, ses enfants, confessé sa foi, écouté longtemps la lecture de la Bible faite par son pasteur Jean Daillé, et prononcé ces humbles paroles :


« J’ai un grand compte à rendre, ayant beaucoup reçu et peu profité. Miséricorde ! Miséricorde ! »


Cette poésie de Duplessis-Mornay accompagne une lettre datée du 4 février 1586, adressée à l’ambassadeur à Venise, Monsieur de Maisse qui en éclaire la lecture.

Barque qui vas flottant
Barque qui vas flottant sur les écueils du monde,
Qui vois l’air tout épris, et les vents conjurés,
Le gouffre entrebâillé, les flots démesurés,
Sans ancre, sans abri, sans amarre et sans sonde ;

Barque, ne perds point cœur ! Qui doute que cette onde
Ne soit sujette aux vents ? aux flots mal assurés,
Un esquif my brisé ? Mais les cieux azurés
Sont- ils pas sur les vents et sur la mer profonde ? 

Au ciel, non qu’à la mer commande ton pilote ;
Par lui vente le vent, par lui ce monde flotte,
Vente et flotte pour toi, pour se conduire au port.

Ton port, c’est l’Eternel, et tu t’en veux soustraire.
Veux tu calme ou bon vent ? Tu demandes ta mort ;
Pour surgir à ton port, il te faut vent contraire.

Commentaire du poème de Duplessis-Mornay

Le manque de ressources empêchait la barque de se tirer d'affaire : ce qui semble se rattacher à la théologie protestante selon laquelle l'homme ou l'Eglise (signification de la barque) ne peuvent rien pour leur salut. 

Mais la barque n'est pas abandonnée à elle-même ce qui nous envoie à l'Evangile de la "Tempête apaisée" et à cette exhortation: "ne perds point cœur". 

Reprenant ensuite l'allusion à l'Evangile, Mornay attribue au christ, chef de l'Eglise (le "pilote" de la pauvre barque), l'exercice  de son pouvoir également au ciel (les cieux azurés): 

"Au ciel, non qu'à la mer. commande ton pilote " signifie:  "non seulement au ciel mais aussi à la mer..."

Même si la tempête qui obéit à la volonté du "pilote" menace actuellement la barque de l'Eglise de naufrage, il ne faut pas que celle-ci soit prise de peur. 

Le véritable port est bien Dieu (L'Eternel). Et ce port de l'Eternel ne peut être atteint que par la foi dans le Christ, c'est-à-dire vrai-Dieu-et-vrai-homme, qui pour revenir au Père (à l'Eternel) a lui-même du passer par le sacrifice de la croix et la mort. 

Le "vent contraire" faisant allusion au sacrifice du Christ. 

Le "vent contraire" (le sacrifice de sa vie) doit être accepté plutôt que de vouloir "calme et bon vent": la paix à tout prix (celle du compromis spirituel).

Car, comme le dit Mornay ailleurs :

                              "à qui craint Dieu, mourir est naître". 

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