Dans 2 Corinthiens 3.18, Paul a cette parole extraordinaire : « Notre visage à nous tous est sans voile. Nous contemplons, comme dans un miroir, la gloire du Seigneur ». Mais ce que Paul dit ici n’est pas toujours bien compris. Il me semble pourtant qu’il parle de la communauté chrétienne dans son ensemble. Quand Paul regarde cette communauté – et quand les chrétiens se regardent les uns les autres – tous observent des personnes dont le cœur et la vie ont été changés par le Seigneur. Tous regardent des cœurs et des vies dans lesquels l’Esprit Saint est à l’œuvre pour guérir, restaurer et rendre libre. Tous admirent la gloire du Seigneur.
Ainsi, ce que Paul veut dire, c’est que Christ est reconnaissable, observable, « admirable », sur le visage des frères et sœurs dans l’Église. La logique est celle-ci : puisque l’œuvre du Seigneur est visible dans la vie de mes frères et sœurs, quand je les regarde, je vois Jésus, je vois sa gloire. Cette gloire est comme reflétée sur leur visage, et je peux la contempler comme dans un miroir. Pourquoi un miroir ? Non pas pour se regarder soi-même, mais pour permettre à l’image de Christ d’être reflétée. L’idée, ici, est que la personne que j’ai en face de moi reflète Jésus. Elle est comme un miroir que l’on oriente de telle manière que le soleil nous éblouit.
Mais Paul va plus loin. Pour lui, ce qui est extraordinaire dans le fait de pouvoir contempler la gloire du Seigneur dans le visage de nos frères et sœurs, c’est aussi la puissance qui s’en dégage : « … et nous sommes transfigurés en cette même image, de gloire en gloire ». Oui, quand nous nous considérons les uns les autres, nous sommes, nous aussi, transformés, transfigurés, par l’image de Christ qui nous est renvoyée. C’est donc dans la communauté de ceux qui sont transformés par Christ que nous devenons toujours plus comme Christ. Nous croissons dans notre conformité à Christ.
Quel beau rappel de l’importance de la vie communautaire : Dieu nous utilise les uns les autres pour nous transformer toujours davantage à son image. Cette pensée de Paul est pour moi un rempart merveilleux contre le découragement pastoral. Contre le « ministère du verre à moitié vide ». En effet, un responsable d’Église a « le nez dans le guidon », il s’affaire et s’active pour accomplir au mieux son ministère, mais un des risques premiers est d’oublier – ou simplement de passer à côté de – cette profonde vérité : la gloire de Christ est visible, non dans un ministère spécifique ni dans une occupation, mais dans les relations fraternelles et la communion chrétienne qui unissent les chrétiens dans la communauté. Ainsi, en passant du temps ensemble, et en prenant le temps d’observer ce que Christ fait dans la communauté, nous ne pouvons qu’être éblouis et profondément impactés par le Christ lui-même. D’une certaine manière, il n’y a rien de plus beau que cela : contempler Christ à l’œuvre, le voir changer les cœurs, guérir, restaurer, consoler, exhorter, renouveler. Et si cette pensée est un rempart contre le découragement, c’est parce que la gloire du Seigneur, qui se reflète sur la vie des gens, est bien plus lumineuse et bien plus forte que les ténèbres qui nous envahissent si facilement quand nous ne prenons pas le temps de la contemplation.
À la lecture de ce numéro 100 (!) des Cahiers de l’École Pastorale, mon souhait et ma prière sont que Christ puisse être, d’une certaine façon, reflété sur ces divers articles pour vous enseigner, vous former, mais surtout vous transformer et vous encourager dans le ministère !
Nicolas Farelly