« Ainsi donc, pendant que nous en avons l’occasion, œuvrons pour le bien de tous, en particulier pour la maison de la foi » (Ga 6.10).
On a souvent pensé que l’apôtre Paul ne considérait pas la pauvreté comme un sujet majeur de sa théologie et de son engagement chrétien, et qu’il y avait donc un réel décalage entre Jésus et lui. Pourtant, certains exégètes ont récemment montré que le soin à apporter aux pauvres faisait partie intégrante de « la Bonne Nouvelle » qu’il prêchait(1). Bien sûr, selon lui, l’aide économique aux pauvres n’était pas suffisante en elle-même, et l’Évangile ne se résumait pas à cela. Mais l’aspect matériel de la Bonne Nouvelle, selon Paul, n’était pas un simple supplément, une option ou un aspect périphérique de l’Église et de la vie chrétienne. Bien au contraire, c’était à ses yeux une marque nécessaire de la communauté chrétienne qui désire vivre en conformité avec l’enseignement de Jésus.
Le verset cité plus haut se trouve à la fin de son épître aux Galates, juste avant qu’il prenne lui-même la « plume » (6.11-18) pour écrire sa conclusion. Dans ce texte, il dicte ce qui semble être le point culminant de son enseignement. Le « ainsi donc », introduit à la fois une conclusion et un résumé de l’éthique que Paul attend de la communauté chrétienne. Or, « Œuvrons pour le bien », qui rebondit sur le verset précédent dans lequel Paul exhorte l’Église avec ces mots : « Ne nous lassons pas de faire ce qui est bien » (6.9), inclut la notion de soutien envers ceux qui sont matériellement dans le besoin. « Faire le bien » était une expression bien connue à l’époque ; elle se référait aux contributions financières, aux dons matériels.
Mais si « faire le bien », c’est-à-dire prendre soin des autres et, en particulier de ceux qui sont dans les difficultés matérielles, est mis en exergue par Paul, qu’en est-il de nos Églises ? Que faisons-nous aujourd’hui ? En avril dernier, l’École Pastorale a organisé une session autour de cette question. Plusieurs intervenants ont évoqué bibliquement, théologiquement et pratiquement, ce à quoi peut ressembler aujourd’hui le soin du « pauvre » dans nos communautés. Ce numéro des Cahiers de l’École Pastorale veut lui aussi donner la part belle à cette problématique en reprenant trois des interventions (celles de Daniel Hillion, Nicolas Farelly et André Pownall). Le quatrième « grand » article de ce numéro (Célébrer Dieu avec nos différentes spiritualités, Linda Oyer), nous rappelle – même si ce n’est pas le sujet principal – qu’en matière de spiritualité chrétienne, le courant dit de « justice sociale » tient une place importante, à ne surtout pas négliger au profit d’autres spiritualités, toutes aussi légitimes et utiles.
C’est donc une belle cohérence thématique que nous vous proposons. Que celle-ci vous édifie et vous exhorte à servir notre Seigneur avec toujours plus d’entrain et de joie. Bonne lecture !
Nicolas Farelly