Pardon, où es-tu ?

Extrait L'Église dans tous ses états

Ardemment recherché lors de la conversion, le pardon est parfois oublié dans la sanctification. Comme s’il était possible d’avancer avec le Seigneur sans offenser ses disciples et être offensé par eux. En témoigne le peu de place faite au pardon dans la vie de nos communautés.

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Pardon, où es-tu ?

Xavier quitte discrètement la salle de culte en ce beau dimanche de juin. Il redoute de croiser Henri et de devoir le saluer. Il n’a pas envie de faire comme si de rien n’était, ni de laisser sa colère s’exprimer. Tous deux viennent pourtant de partager le même pain et de boire – symboliquement, car leur communauté a de petits verres – à la même coupe. Xavier mesure bien l’incohérence de la situation et il a le cœur lourd. Cette parole du Seigneur lui revient sans cesse (Mt 5.46-47) : 

Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous ? Les péagers aussi n'en font-ils pas autant ? Et si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d'extraordinaire ? Les païens aussi, eux-mêmes, n'en font-ils pas autant ?

Henri est un frère dans le Seigneur, pas un païen, mais il n’arrive même plus à le saluer !

Une histoire triste, mais banale

Il faut dire que, selon Xavier, Henri l’a traité de façon injuste et méprisante. Ce dernier a fait appel à ses services d’artisan paysagiste pour s’occuper de ses espaces verts. Tout s’est bien passé jusqu’à ce que Xavier lui présente la facture. Là, Henri a commencé à contester le montant, puis à mettre en cause la qualité du service rendu. Soucieux, pour des questions de trésorerie, d’obtenir un règlement rapide, Xavier a fait un geste commercial en baissant la note de 10%. Henri a jugé l’effort insuffisant et, faute d’être entendu par Xavier, a traîné plus de six mois avant de le payer. Modeste artisan à son propre compte, Xavier a vu ainsi plus de 3 000 € tarder à renflouer une trésorerie exsangue. Faute d’oser s’en ouvrir à son pasteur et plus encore de faire appel à un service de recouvrement à l’encontre d’un frère, Xavier a conçu un solide ressentiment mêlé de jalousie. Voir un riche entrepreneur mégoter sur une facture et mettre indirectement en péril ses affaires était plus qu’il ne pouvait supporter.

Désormais, la dette économique est apurée entre Xavier et Henri, mais une autre, morale, demeure. Xavier reste blessé par cette affaire et il ne sait pas comment trouver la guérison.

Un curieux paradoxe

La vraie question que pose cette histoire fictive (toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé…) est celle de l’exercice du pardon et de la réalité de la réconciliation dans nos communautés évangéliques. Faute de liturgie quelque peu structurée, le rappel de la loi, la confession des péchés et l’annonce du pardon sont rarement évoqués lors des cultes dominicaux. Un indice de ce manque est la pauvreté de notre hymnologie contemporaine en matière de repentance et de pardon. Se pourrait-il alors que la Cène, fréquemment précédée par une invitation à l’examen de conscience au moyen de la lecture de 1 Corinthiens 11.27ss, soit propice à un tel exercice ? Las, le caractère généralement expéditif de ce moment ne laisse guère le temps de...

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