Mettre en place un deuxième culte dans votre Église : comment s’y prendre ? (2)

Extrait L'Église dans tous ses états

Deuxième volet de cette rubrique consacrée au projet d’implantation d’un deuxième culte dans une Église, l’auteur avait ainsi introduit la réflexion (voir numéro 100) :

« Victime d’une poussée de croissance, subite ou graduelle, votre culte du dimanche matin est plein. Il déborde même. Ou peut-être simplement avez-vous entendu parler de cette fameuse règle des 80 % selon laquelle une Église stagne au-delà de ce taux de remplissage, et vous vous trouvez face à cette situation. Votre Église semble, en effet, comme figée dans sa croissance, celle-ci se heurtant péniblement à un plafond de verre.
Dans tous les cas, déterminés de continuer à grandir, vous réfléchissez à une stratégie de développement pour la suite. À défaut de pouvoir pousser les murs, faut-il envisager l’achat d’un nouveau bâtiment, plus grand, plus adapté, plus accueillant ? Ou préférer partir sur l’option d’un essaimage dans un quartier ou une commune proche en mal d’Évangile ? Mais parmi les possibles, avez-vous pensé à l’implantation d’un deuxième culte dans vos locaux actuels ? ... »
Nous répondrons maintenant à quelques questions qui ont été les nôtres et que vous pourriez vous poser en chemin. »

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Mettre en place un deuxième culte dans votre Église :  comment s’y prendre ? (2)

Après avoir traité, dans le précédent numéro du positionnement horaire d’un nouveau culte et de l’offre de services à assumer pour sa réussite (au niveau des ministères jeunesse, garderie, etc.), nous aimerions nous focaliser sur deux préoccupations à la teneur plus pastorale qui sont autant d’enjeux fondamentaux en termes de soin et de préservation de la vie communautaire.

Comment pe(a)nser l’unité de l’Église lorsque celle-ci se vit en deux cultes ?

Ayant récemment écouté un responsable d’Église sur la dynamique de croissance qu’avait connue sa communauté dans les dernières années, et face au constat de la saturation de la fréquentation de celle-ci, je lui ai demandé s’il avait pensé à la mise en place d’un deuxième culte dans leurs locaux actuels. J’ai été frappé par sa réponse : il y avait évidemment songé, mais demeurait retenu par la crainte de la division que cela pourrait impliquer pour la communauté. Une expérience malheureuse observée ailleurs le confortait dans ce sentiment. Reconnaissons-le, les risques ne sont pas nuls, et la question mérite d’être soulevée et travaillée dans la mise en place du projet.

Les inquiétudes des membres de la communauté à ce sujet, qu’elles soient exprimées ou non, seront, en effet, un des premiers facteurs de résistance au changement. Le sentiment de la perte d’abord : est-ce que je continuerai à voir mes amis, ceux et celles avec qui je « faisais Église » jusqu’à présent ? Le sentiment aussi d’une certaine hémiplégie, ou d’une perte de visibilité, de « contrôle » et de sensation d’une partie du corps. Cela constituera notamment une inquiétude bien légitime de la part des responsables de l’Église (membres du conseil, anciens…) qui, étant amenés normalement, avec leur famille, leur conjoint, à se fixer d’une manière régulière sur l’un ou l’autre des cultes, perdront, en effet, de vue tout un pan de l’assemblée(1). Mais, au fond, ce sentiment de ne plus connaître tout le monde, n’est-il pas déjà éprouvé lorsqu’une Église parvient à la taille critique suffisante justifiant cette partition de l’assemblée en deux cultes ?

Cette question mérite d’être posée, précisément pour ramener chacun à une juste perspective sur sa place et son rôle dans l’Église. Il s’agira alors d’encourager chacun à faire le deuil de la connaissance véritable de tous, pour privilégier une implication plus intentionnelle dans quelques liens de qualité, notamment dans l’accueil et le soin des nouveaux. En effet, plus une Église grandit, plus elle devra travailler à devenir « plus petite », et les responsables seront bien inspirés de tout faire pour stimuler chacun à rejoindre un petit groupe dans l’Église (groupes de quartier, de croissance, d’hommes, de femmes, etc.), sous peine de condamner un grand nombre à demeurer dans un anonymat pénible. Et la partition de l’Église en deux espaces d’accueil participera de cette dynamique d’une Église à « taille humaine ». Cela donnera aussi l’occasion d’un enseignement sur la vocation missionnaire de l’Église : sommes-nous là pour rester dans l’entre-soi (avec ceux que l’on a toujours connus et avec qui l’on est si bien, si proches), ou sommes-nous là pour accueillir, et bien accueillir, ceux que le Seigneur nous envoie ?

À partir de cette préoccupation missionnaire, les craintes liées aux pertes pourront être diminuées, en tout cas remises à leur juste place, et la communauté pourra alors se focaliser sur ...

Auteurs
Erwan CLOAREC

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1.
Le pasteur devenant au final le seul à connaître l’ensemble du troupeau, ce qui induira de manière nécessaire une modification de la façon de travailler et d’aborder les sujets en conseil d’Église, mais aussi une réflexion appropriée pour un suivi de qualité des personnes.

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