Personne ne pourra douter de la pertinence du sujet abordé ! Nous savons bien que la vie d’Église est assez fréquemment l’occasion de conflits. Et il nous faut bien reconnaître que notre (mauvaise ?) compréhension de l’éthique chrétienne ne fait parfois que les envenimer. En effet, persuadés qu’une “bonne” Église est une Église sans conflits, nous nous appliquons parfois à les nier ou les étouffer jusqu’à l’explosion finale. Ou alors, persuadés que c’est toujours la “vérité” qui est en cause, nous nous sentons obligés de ne jamais faire de concession. Il est aussi vrai que le Seigneur, dans sa grâce, accorde à bien des membres de nos communautés des caractères “affirmés” pour le meilleur ou pour le pire.
Le petit livre de Frédéric Rognon, facile et agréable à lire, est un outil précieux. L’auteur est pasteur de l’Église réformée de France et enseigne à la faculté de théologie de Strasbourg. Il nous propose dans cet ouvrage à plusieurs facettes une excellente introduction à la gestion des conflits dans l’Église.
Il commence par une présentation de la notion de conflit qui est indispensable. Elle nous aidera certainement à éliminer quelques mauvaises perspectives qui peuvent s’avérer dangereuses et à nous libérer d’une certaine paralysie lorsque le conflit surgit.
La partie suivante est consacrée à un passionnant survol biblique sur la question. Des exemples tirés de l’Ancien, puis du Nouveau Testament sont présentés et commentés de manière à la fois riche et concise.
Suit une présentation de l’apport des sciences humaines pour la gestion des conflits autour de trois grands pôles : la médiation, la prévention et la gestion de ses émotions.
La deuxième grande partie du livre est entièrement consacrée à l’étude de situations de conflits à l’intérieur d’Églises locales : conflits entre paroissiens, entre les jeunes de la paroisse, entre pasteur et paroissiens et enfin entre pasteurs. Nous assistons à ce qui s’est effectivement passé et aux conséquences réelles, heureuses ou malheureuses. Puis, cette situation est commentée. Le contexte est, bien sûr, celui d’Églises réformées ou luthériennes, mais il est très facile de retrouver nos propres communautés dans ces descriptions.
L’auteur conclut en proposant une éthique du conflit.
La force de ce travail est d’appliquer, d’une manière très simple, les techniques de gestion de conflits à la réalité de nos Églises, tout en l’articulant avec un travail biblique. Il ne s’agit certes pas d’un livre magique ! Tout ne peut être réglé en une grosse centaine de pages et le lecteur n’en deviendra pas un spécialiste de la médiation. Mais l’énorme valeur de l’ouvrage est de rendre attentif à cette réalité si difficile à aborder. Les remarques sont applicables ; nous restons dans la simplicité d’une approche pratique qui nous ouvre à une meilleure compréhension. Nous serons moins désarmés lorsque l’inévitable conflit surgira.
Un livre à lire, à faire lire et peut-être à travailler en conseil ou en Église.