Pour une vie juste et généreuse. Grâce de Dieu et pratique de la justicePour une vie juste et généreuse - Grâce de Dieu et pratique de la justice

Complet Présentation de livres

Timothy KELLER

Charols, Éditions Farel, 2018, 210 p., 19 €.

Publié aux États-Unis sous le titre Generous Justice, Penguin Group, 2010.

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Pour une vie juste et généreuse.  Grâce de Dieu et pratique de la justicePour une vie juste et généreuse - Grâce de Dieu et pratique de la justice

Dans son livre Pour une vie juste et généreuse, grâce de Dieu et pratique de la justice, le pasteur Timothy Keller s’attache à démontrer l’interconnexion entre notre expérience de la grâce divine et la pratique de la justice sociale dans notre vie quotidienne. Tout au long de son livre, il développe de nombreux exemples historiques de pratique de la justice par des individus et des communautés ayant apporté une transformation dans leur quartier, leur ville ou au-delà.

Fondateur en 1989 de l’Église presbytérienne du Rédempteur(1) à New York, Keller est aussi le cofondateur et le président du réseau Rédempteur de Ville en Ville(2), qui a contribué à l’implantation de plus de 200 Églises dans 35 métropoles. Rendu célèbre par son livre « La raison est pour Dieu, la foi à l’ère du scepticisme », vendu à deux millions d’exemplaires et traduit en 25 langues, Keller publie des livres et d’autres ressources pour le ministère en milieu urbain. Depuis 2017, il se consacre à plein temps à CTC, enseignant et formant des implanteurs d’Églises et des étudiants en théologie en partenariat avec le programme Ministère Urbain du Séminaire de Théologie Réformé(3). Or, il paraît bien difficile de s’intéresser au rôle du chrétien dans la cité en ignorant les inégalités sociales criantes qui s’y trouvent.

Dans l’introduction de son livre, le pasteur Keller identifie les quatre types de lectorat ciblé :

  • De jeunes adultes occidentaux, ayant grandi dans la société de consommation et dont le souci émotionnel pour la justice sociale n’a pas, ou peu, d’incidence sur leur vie personnelle ;

  • Des chrétiens qui voient le combat pour la justice comme un danger susceptible de les éloigner de la saine doctrine, de l’évangélisation et du dynamisme spirituel ;

  • De jeunes évangéliques, zélés pour la justice sociale mais remettant en cause les doctrines traditionnelles de l’expiation substitutive de Jésus et du salut par la foi seule ;

  • Des personnes accusant la religion chrétienne de favoriser l’injustice et la violence dans le monde.

En bon pédagogue, Keller commence par clarifier son sujet : « Qu’est-ce que pratiquer la justice ? ». À partir de l’hébreu biblique, il explique qu’il s’agit de prendre soin des gens vulnérables (mishpât) – à l’image du caractère de Dieu qui se présente comme le défenseur des veuves, des orphelins et des étrangers – et de cultiver des relations justes (tsedâqâ) – ce qui inclut d’être généreux en pardonnant, en accueillant, en donnant de son temps et de ses ressources.

Puis, Keller propose trois chapitres de survol biblique sur la justice. « La Justice et l’Ancien Testament » : comme d’autres biblistes, il soutient que l’Ancien Testament possède une validité permanente. Les lois de Moïse, par exemple, se fondent sur le caractère immuable de Dieu et, si elles avaient été appliquées, elles auraient permis l’absence de toute classe défavorisée permanente en Israël. « Qu’a dit Jésus concernant la justice ? » : Jésus a témoigné du même intérêt que le Dieu vétérotestamentaire pour les pauvres et les opprimés, comme en témoignent les directives d’ouvrir nos maisons et nos bourses aux pauvres et aux handicapés(4) et de donner discrètement, sans rien espérer en retour(5). « La justice et votre prochain » : Keller s’appuie sur la parabole du bon Samaritain(6) pour expliquer que notre prochain est ‘quiconque est dans le besoin’, mais aussi pour nous dévoiler Jésus comme le bon Samaritain. Keller nous renvoie comme un miroir notre attitude envers les pauvres en nous questionnant : et si Jésus s’était comporté envers nous, pauvres spirituellement, comme nous nous comportons envers les démunis matériellement, que ce serait-il passé ?

Fidèle à la théologie pratique qu’il enseignait au Séminaire théologique de Westminster à Philadelphie, Keller consacre ses trois plus longs chapitres à la pratique de la justice. « Pourquoi pratiquer la justice ? » : il mentionne trois raisons : honorer l’image de Dieu en chaque être humain, reconnaître que tout appartient à Dieu et répondre à la grâce de Dieu. Il lui paraît primordial que l’appel pour une justice en faveur du pauvre soit associé, non à la culpabilité, mais à la grâce et à l’Évangile. « Comment pratiquer la justice ? » : il identifie plusieurs niveaux d’aide : l’assistance immédiate, le développement et la réforme structurelle. Selon lui, sortir de la pauvreté requiert une vision holistique. Keller nous rappelle que « la justification par la foi entraîne la pratique de la justice et la pratique de la justice peut inciter plusieurs à être justifiés par la foi(7) ». Il semble évoquer ici le concept de ‘mission intégrale’ tel qu’il est défini dans la Déclaration du Réseau Michée sur la Mission Intégrale(8). « Pratiquer la justice dans l’espace public » : Keller critique la société occidentale post-moderne pour son refus d’assumer que les notions de justice et de droits humains qu’elle défend reposent sur la doctrine chrétienne selon laquelle l’humanité est créée à l’image de Dieu et possède donc une dignité innée. En effet, si « la race humaine n’est qu’une écume chimique sur une planète de taille moyenne », ainsi que l’affirme le scientifique Stephen Hawking, alors d’où lui viennent sa dignité et ses droits ? Keller approuve que les chrétiens s’associent à des membres d’autres religions, ou sans religion, dans leur défense de la justice sociale tant qu’ils se réfèrent aux valeurs communes et déclarent clairement en quoi l’Évangile les motive.

Enfin, Tim Keller nous offre un surprenant final sur le lien entre « Paix (Shalom), beauté et justice ». Il compare le Shalom à un vêtement parfaitement tissé, où toutes les relations sont justes, parfaites et remplies de joie. Pratiquer la justice, c’est retisser le Shalom détruit par l’insoumission de l’humanité à Dieu. Keller s’appuie sur le travail du professeur Elaine Scarry pour montrer que la beauté de l’amour de Dieu nous pousse à pratiquer la justice !

« Pour une vie juste et généreuse » pose les fondements bibliques, une réflexion pratique et de nombreux exemples historiques de pratique de la justice. Je crois que les individus qui s’appliqueront à mener une vie juste et généreuse, après la lecture de ce livre, ne manqueront pas de voir une transformation en eux et autour d’eux !

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Lc 14
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6.
Lc 10
7.
Timothy KELLER, Pour une vie juste et généreuse. Grâce de Dieu et pratique de la justice, Charols, Éditions Farel, 2018, p. 157.
8.
Déclaration adoptée lors d’une consultation de ce réseau à Oxford en septembre 2001 et disponible en français sur www.michee-france.org.

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