- Pourquoi êtes-vous partie du foyer familial ?
- J’avais 20 ans, j’étais donc majeure — en tout cas pour la loi française. C’était devenu difficile avec mes parents. J’aime ma famille, et je respecte mes parents, mais il était question de mariage forcé. On voulait m’imposer une vie que je ne voulais pas.
Mes parents sont musulmans, très traditionnels. Ils ont cherché à gérer ma vie. Je ne pouvais pas sortir, juste aller à l’école et revenir. Je n’avais pas d’amis. J’avais une vie recluse, je me sentais déjà très seule à l’époque. Mais je ne disais rien, je gardais tout ça pour moi. Il y avait peu de communication avec mes parents, je ne pouvais rien leur expliquer. Je pense qu’ils voulaient me protéger. Ils me souhaitaient un bon avenir, je ne les en blâme pas. Leur désir, c’était de me marier et de me voir entourée d’une ribambelle d’enfants. C’était un objectif impérieux, je peux le comprendre.
Mais j’avais une autre conception de la vie, et j’acceptais assez mal cette façon de me contrôler. Mon père était froid, dur, quelqu’un de très autoritaire. Je ne savais pas ce qu’était l’amour d’un père. Mes parents m’avaient appris la Chahada, la prière musulmane. Je la récitais quand j’avais des soucis, j’y trouvais refuge. Dieu pourtant me semblait inaccessible. Mais je savais qu’il était là. Cette prière avait à mes yeux un pouvoir magique, et Dieu jouait le rôle d’un protecteur. Mais ça s’arrêtait là.
Quel changement quand je suis devenue chrétienne ! J’ai découvert un Dieu qui m’entendait et me parlait. Une vraie relation avec lui était envisageable. N’est-ce pas fabuleux ? J’ai accepté ce Dieu-là quand Philippe m’en a parlé. Il m’en parlait comme d’un Père, et là j’ai craqué ! J’ai ressenti cet amour qui me manquait. C’était la première fois que je prenais conscience de la paternité divine. Oui, Dieu me comprenait au plus profond de moi-même. Sans doute avais-je été particulièrement touchée parce que je n’avais pas eu ce type de relation avec mon propre père. Il n’empêche qu’une nouvelle vie s’offrait à moi.