– Ce corps va guérir sans l'aide des médecins, et on est curieux de savoir comment cela s'est passé ? Vous êtes-vous retrouvé comme cela un beau matin en bonne santé ?
– Oui, tout à fait ! C'est arrivé d'une façon assez curieuse. J'étais chez moi, je bricolais à quatre pattes dans la cuisine, et j'ai attrapé une hernie discale qui m'a fait énormément souffrir. On m'a conduit à l'hôpital, et les médecins n'ont pas su faire face à la situation, si bien que j'ai été transporté à l'hôpital de Toulouse-Purpan afin qu’on me fasse une nucléaspiration sans anesthésie totale puisque mon état de myasthénique ne le permettait pas. C'était très risqué. Cette opération n'a pas donné grand résultat, je n'avais plus qu'à rentrer chez moi avec ce pronostic que je ne marcherais pas avant longtemps.
Mes enfants sont venus me voir pour essayer de m'aider à voir la réalité en face : « Écoute papa, me disaient-ils, il ne faut pas te faire d'illusions... » Mais je les ai arrêtés : « Non, rassurez-vous, je ne me fais pas d'illusions. Il y a bien longtemps que je les ai perdues. » Et je me suis couché en paix après avoir rendu grâce à Dieu. J'étais dans une parfaite sérénité. Je me disais qu'après vingt-sept ans d'infirmité, je pouvais encore continuer à être grabataire. Dieu m'a donné cette capacité d'attente ; elle est une grâce, je n'ai rien d'héroïque.
Le lendemain matin, je me réveille et je regarde le plafond. C'est bizarre, d'habitude il y avait deux lampes au plafond puisque je voyais double, et là il n'y en a plus qu'une. Et je commence à respirer à pleins poumons, alors que j'avais une respiration haletante. Les mâchoires étaient aussi atteintes. Or, je me mets à serrer les dents très fort. Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qui m'arrive ? Je ne comprenais pas. Et je commence à ouvrir mes mains, alors qu'elles étaient toujours refermées. J'écarte mes doigts, je les ouvre, je les referme ! Ce n'est pas possible !
Je ne savais plus où j'en étais. Les médecins m'avaient prévenu : « Surtout, n'essayez pas de vous lever, vous savez que vous êtes dans une incapacité absolue de vous mouvoir. » Mais je sens cette force en moi, et je m'assois sur le lit. « Mince alors ! Ma colonne vertébrale tient bon. » Alors je me tourne, et je laisse tomber mes jambes le long du lit, et mes jambes tiennent debout. « Incroyable ! Mais qu'est-ce qui peut bien se passer ? »
– « Lève-toi et marche! », comme dans les évangiles...
– Eh oui! Je me suis alors dirigé vers les toilettes pour voir ce qui se passait. Et, à petits pas, me voilà me dirigeant vers le coin toilettes. Là, je me regarde dans la glace, mais je ne me reconnais plus ! Je n'ai plus les paupières tombantes, les yeux qui louchent et la mâchoire pendante. Je ne suis plus paralysé du visage, ni des jambes : je suis guéri !
Cela a fait tilt dans ma tête : « Seigneur, je suis guéri ! » Je me suis rappelé la prière d'une sœur : « Seigneur, disait-elle, nous invoquons ton nom en faveur de notre frère. Sauve-le de cette situation. Qu'il puisse te servir et te glorifier. » Et là, je me suis mis à pleurer. « Seigneur, c'est fini. Je ne suis plus myasthénique. Je suis guéri d'une maladie dont on ne guérit pas... » Je n'avais pourtant pas spécialement recherché cette guérison.
J'ai téléphoné à mon épouse qui a eu bien du mal à me croire, et qui même s'est mise en colère parce que je ne m'étais pas tenu sagement dans mon lit. « Ça fait vingt-sept ans que tu es myasthénique ! Comment peux-tu me raconter des choses pareilles ? » Je tente de la convaincre : « Je t'assure, je suis guéri. Je marche, je suis complètement rétabli. J'ai toujours mal à ma colonne vertébrale et aux jambes à cause de la hernie discale. Mais pour ce qui est de la myasthénie, l'affaire est réglée ! »
On devait me ramener l'après-midi en ambulance à la maison, elle verrait bien. Et c'est ainsi qu'au début de l'année 1991, sans jamais avoir fait de la guérison du corps une recherche prioritaire, je me retrouvai en pleine possession de mes moyens.