TROIS MYTHES À PROPOS DE LA SEXUALITE

Complet Souffrance

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Je rencontre dans ma pratique professionnelle d’innombrables difficultés et bien des souffrances auprès de mes patients, croyants ou pas. Parmi tous les malentendus qui circulent sur Internet ou ailleurs, en voici trois que je rencontre le plus fréquemment dans ma pratique.

LA SEXUALITÉ EST FACILE, BELLE ET NATURELLE

Il est plus juste de dire que la sexualité doit être apprise pour qu’elle puisse être vécue de façon agréable et satisfaisante. C’est une des particularités de la sexualité humaine.

Cet apprentissage commence dès l’enfance et se poursuit pendant des années. Il inclut des connaissances et des compétences psychoaffectives, biologiques et sociales. Prenons, par exemple, une jeune femme qui n’éprouve que peu d’intérêt et de plaisir aux activités sexuelles avec son partenaire. De ce fait, elle pourrait se culpabiliser et se dire : « Je ne suis pas normale. » En fait, la raison est qu’elle n’a pas pu bénéficier d’une vraie éducation sexuelle. Enfant, elle a pu entendre sa mamie lui dire : « Touche pas ça, c’est sale ! », quand elle se faisait surprendre dans la baignoire en train de se toucher la vulve. Plus tard, l’apparition des premières règles, accompagnées de douleurs et d’un sentiment de honte ont pu aussi contribuer à ce qu’elle ait du mal à prendre du plaisir avec cette partie de son corps. De son côté, un jeune homme me racontait que, pendant des années, il a cru que ses éjaculations nocturnes étaient une énurésie. Imaginez son sentiment de honte. Personne ne lui avait appris que les éjaculations nocturnes étaient des réactions normales du corps.

Une information juste sur la sexualité et les fonctionnements du corps est primordiale. Pour être belle et source de plaisir, la sexualité doit être apprise et dissociée de la honte.

UNE FEMME DOIT SATISFAIRE « LES BESOINS SEXUELS » DE SON PARTENAIRE SI ELLE L’AIME

Un rapport sexuel n’est jamais un dû ! La charte de l’OMS(1) précise : « La santé sexuelle exige une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, ainsi que la possibilité d’avoir des expériences sexuelles agréables et sécuritaires, sans coercition, ni discrimination, ni violence... »

En France, la définition du viol dans le code pénal (Art. 222-23) précise : « Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, ou tout acte bucco-génital commis sur la personne d’autrui ou sur la personne de l’auteur par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol. Le viol est puni de quinze ans de réclusion criminelle. »

Il n’existe aucun devoir sexuel ! Chaque rapport doit être l’objet d’un consentement « éclairé et librement choisi ». Chaque partenaire doit accepter la réponse de l’autre, qu’elle soit satisfaisante ou non. L’absence de consentement clair signifie un refus, car le consentement doit être clair, libre, l’expression d’un désir. Il n’est pas rare que certaines femmes me disent : « Je n’ai pas envie, mais je ne veux pas le pousser à l’adultère. » Or, chacun est responsable de ses actes. Le refus d’un rapport ne peut, en aucun cas, être utilisé comme une menace parce qu’il mettrait le couple en danger ou pousserait le partenaire à commettre un adultère.

UNE DIMINUTION DES RAPPORTS SEXUELS MET LE COUPLE EN PÉRIL

Il y a des couples qui ont des rapports intimes peu fréquents mais satisfaisants, quand d’autres peuvent avoir des rapports fréquents mais qui ne disent rien sur la santé globale du couple. D’ailleurs, un couple qui constate une baisse significative des rapports sexuels pourrait peut-être s’interroger sur les éventuelles causes de ce changement. Et elles peuvent être nombreuses : charge de travail (ou/et charge mentale) importante, non-dits ou conflits non résolus qui polluent la relation et font grandir la distance entre les partenaires, fatigue persistante, habitat inadapté (exemple : il fait trop froid, un enfant doit traverser la chambre parentale pour aller aux toilettes, manque d’intimité, etc.), deuil, dérèglement hormonal ou autres problèmes de santé... Quand la sexualité connaît des changements dans un couple, cela est davantage un symptôme qu’une cause. Il est peut-être temps de prendre rendez-vous avec un(e) sexologue ou un(e) conseiller(ère) conjugal(e) et familial(e) pour faire le point.

Auteurs
André LETZEL

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1.
https://www.who.int/fr/health-topics/sexual-health#tab=tab_1

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