Il y a quelque temps, on a pu revoir à la télé "L’homme qui en savait trop", un des légendaires films d’Alfred Hitchcock avec James Stewart et Doris Day.
Doris Day, c’est cette charmante blonde très chic, belle comme le jour (son nom d’actrice est donc fort bien choisi), avec un visage généreux toujours illuminé d’un sourire éclatant et frais. Une tête de petite sainte un peu piquante. Elle est toujours vivante et, comme notre B.B. nationale, elle s’occupe des animaux maltraités et a eu plusieurs maris qu’elle n’a pu garder pour différentes raisons, notamment parce que le chien prenait trop de place dans le lit conjugal…
Parlant de certains de ses films, elle déclare: «Je pense que ces comédies étaient très morales. Je trouve que ça pue maintenant. Ça ne m’intéresse pas de voir des gens en train d’avoir des relations sexuelles. Je pense que c’est malsain et même si j’avais 25 ans, je ne le ferais pas y compris si ma carrière en dépendait»(1). Ainsi s’exprime celle qui était cataloguée comme la «vierge professionnelle» de Hollywood ou encore «la seule vierge qui ait été mariée quatre fois».
On le voit, l’humour n’est jamais loin de Doris Day, et la citation d’elle que nous donnons rejoint avec un sourire le récit de la chute d’Adam et Ève. Tentée par le serpent, Ève croque le fruit défendu, l’offre à son mari. Et quand ils se rendent compte de leur faute, ils la rejettent sur l’autre: c’est le serpent, c’est cette bonne femme que tu as placée à côté de moi…(2)
La remarque de Doris Day a d’autant plus de noblesse qu’elle a eu à souffrir terriblement, notamment de son premier mari qui était une brute. Mais une brute qu’elle avait choisie. Elle assume donc, y compris ses échecs conjugaux successifs. Même en tant que victimes, il est bien rare que nous n’ayons aucune responsabilité dans le fait d’être devenu victime. Combien il est difficile, quand nous avons des ennuis ou que nous marchons de travers, de résister à ce réflexe immédiat: –Oui mais, c’est parce que Machin ou Machine a fait ceci ou cela…, etc.
La campagne présidentielle en France démarre sur ce ton-là. Et il est amusant de constater que les pouvoirs en place même depuis longtemps justifient leurs faillites par les fautes de leurs prédécesseurs. C’est la faute à Voltaire, c’est la faute à Rousseau…