Co-pain fait penser spontanément à « celui qui partage son pain avec ». Partager le goûter avec un copain ou une copine, dessine des souvenirs qui marquent l’enfance et participent à la construction de l’homme et de la femme en devenir. Difficile de le faire à distance sur les réseaux sociaux. Faut-il du coup s’en inquiéter si votre enfant ne « partage » qu’avec ses seuls « amis » virtuels ? Faut-il lui interdire « ces futilités chronophages » ?
Beaucoup d’« amis » mais combien de copains ?
À l’aube de la démocratisation d’Internet, je me souviens avoir interdit à ma fille, alors âgée de 12 ans, de créer un compte Facebook et un blog, comme ses copines de collège. Je voulais la protéger de dangers virtuels d’autant plus difficiles à identifier qu’à l’époque, ces moyens de communication m’étaient inconnus. Avec le recul, je regrette cette décision instinctive et peu réfléchie. C’était peu faire confiance àla capacité d’analyse de mon enfant et aux principes éducatifs de prudence qu’elle avait déjà intégrés dans son environnement naturel. Plus tard, après quelques années de son usage des réseaux, j’ai été tout de même rassurée de l’entendre dire : « Facebook, ce n’est pas la vraie vie !» Je l’ai alors félicitée intérieurement.
Partager le pain
Peut-être vous souvenez-vous, comme moi, des moments enrichissants de partage du goûter avec des copains à la sortie de l’école ou le dimanche chez l’un ou chez l’autre ? Quarante ans plus tard, ces moments d’échanges et de jeux concrets et sains qui pouvaient durer parfois des heures m’émeuvent encore ! Je le dois à nos mamans qui nous donnaient la possibilité de développer de telles amitiés, dans un espace sécurisé. Même si les temps ont changé, le cœur et les besoins des enfants demeurent les mêmes.
L’importance des relations
Je les entends encore s’exprimer aujourd’hui à l’école. Que les enfants aient trois, six ou dix ans, les relations passent avant tout. Aussi, j’encourage les parents à veiller à ce que les murs de séparation entre copains soient surmontés ou rendus les plus minces possibles, qu’il s’agisse de distances physiques ou sociales, de différences culturelles diverses, d’activisme ou de fatigue des parents. Les temps informels vécus à l’école ne sauraient remplacer ces temps extrascolaires propices à bâtir de belles amitiés. Certaines dureront pour la vie.