À l’image de la collection «Pour les Nuls» imaginons une série «Est-elle misogyne?». Nous aurions La politique est-elle misogyne? (réédition très attendue en France en 2007), La langue française est-il misogyne? (épuisé depuis longtemps). Sans oublier La Bible est-elle misogyne?(1), qui nous a servi à illustrer notre article.)
Pour Michel Onfray «les religions du Livre détestent les femmes…»(2) Le machisme s’y révèlerait sous les traits d’une Ève (meilleur second rôle!), pétroleuse bien dangereuse pour cette bonne pomme d’Adam. Des théologiens dénoncent la prétendue misogynie de l’apôtre Paul. Pas étonnant que l’Église accouche ensuite d’un mâle clergé!
De telles caricatures ne rendent pas justice aux textes. Ils posent clairement l’égalité de l’homme et de la femme dans la création (3), dans le salut (4) et même dans la sexualité (5). Depuis la venue du Christ, le peuple de Dieu n’est plus une patrie qui fait de la politique et la guerre mais une épouse qui aime et accueille! Le Dieu qui a autrefois délivré son peuple de l’esclavage ne pourrait-il pas être aussi le Père de la libération de la femme?
Les livres de la Bible ont été écrits par des hommes qui ont vécu dans des sociétés patriarcales. Tout en étant inspirés de Dieu, l’expression de cette révélation s’est faite dans leur culture, avec leurs mots. Les hommes d’alors, considérant la terre comme le nombril de l’univers, observaient le monde du point de vue masculin. Les expériences de mâles dominants ont façonné une société à leur image. De nos jours encore, alors que nous continuons à dire que le soleil se lève, nous faisons les accords grammaticaux sur la base du masculin qui l’emporte sur le féminin. Certains noms de profession n’ont toujours pas d’équivalent féminin!
La Bible fait place aux «héroïnes»: Tamar, Rahab, Déborah, Esther, Ruth, Priscille, Marie... Elle intègre une littérature qui rend compte du point de vue féminin (voir le Cantique des cantiques, les Proverbes…). Pour celui qui connaît l’approche exclusivement masculine dans la littérature ancienne, c’est une vraie révolution. Ainsi pour André Lacocque «l’histoire de Ruth est un pamphlet de théologie féministe»(6).
En fait, la perception de la misogynie tient souvent à la qualité des lunettes que chausse le lecteur moderne lorsqu’il se met à lire la Bible. Il faut être myope pour ne pas voir que la Bible affirme qu’hommes et femmes, indistinctement, sont maîtres de leur destin. Ils ont tous deux la liberté de faire leur choix de vie, aujourd’hui comme hier.