J’ose dire que c’est dans son humour amoureux que Dieu m’apprend les leçons les plus durables de mon existence. Mon expérience en témoigne. En voici un petit exemple.
Pas plus tard que l’année dernière, j’habitais un petit appartement au rez-de-chaussée d’une église dont j’étais le gardien. Mon colocataire était parti pour une semaine à Londres, j’étais donc seul maître des lieux. La porte d’entrée est de ces portes fort sympathiques qui se ferment derrière vous quand vous discutez sur le pas avec l’un ou l’autre voisin. La conversation finie, vous voilà inévitablement dehors, vos clés négligemment oubliées à l’intérieur. Grand distrait de nature, j’étais parti faire quelques achats sans réaliser que je m’étais consciencieusement enfermé à l’extérieur, ayant laissé mes clés dans la serrure. Nos voisins qui en avaient un double étaient partis en vacances, cela va de soi. Me voilà donc à seulement quelques mètres de mes cahiers, en pleine semaine d’examens, là où il vous prend soudain une envie urgente de réviser. Seule perspective rassurante, celle de passer la nuit dans le froid du perron.
Plein d’audace, je prie Dieu d’accomplir un miracle. Fort de mon enthousiasme et sûr de ses capacités, mon imagination s’enflamme déjà... Peut-être fera-t-il venir un serrurier de n’importe où. Alors que je déambule dans les rues à la recherche de mes clés que j’ai peut-être simplement égarées après tout, je m’attends à mon retour à trouver la porte miraculeusement ouverte. Hollywood n’a rien à envier aux scénarios les plus spectaculaires que j’échafaude les uns après les autres.
Je n’aurais jamais imaginé une telle solution
Perdu dans mes pensées, je ne vois pas la voiture qui passe à côté du trottoir et me klaxonne. Elle fait quelques mètres, s’arrête à un feu rouge avant que je comprenne de qui il s’agit. C’est une femme de l’église. Je cours derrière elle en espérant qu’elle a un double de clés du bâtiment. Stupeur et tremblements: le feu passe au vert! C’est alors qu’au lieu de démarrer et se soustraire à ma vue, la voiture recule, une vitre se baisse et j’ai juste le temps de formuler ma demande. Mon amie plonge dans son sac et m’en sort le trousseau convoité avant de filer et d’expliquer à sa passagère la situation. Je rentre chez moi retrouver mes clés qui m’attendent sagement sur mon canapé. Quelle leçon! J’apprends que Dieu répond à nos prières sans qu’il ait besoin d’user de spectaculaire.
Où est l’humour me direz-vous? Hé bien, c’est plus tard que je m’en suis aperçu. En fait, cette amie n’a jamais ces clés sur elle mais ce matin-là elle avait éprouvé le besoin de les mettre dans son sac. De plus, elle n’était pas sur son itinéraire habituel car son fils ayant raté son train, elle allait le chercher à la gare. Quand j’ajoute qu’elle ne m’avait pas vu courir après la voiture, mais que c’est sa passagère qui m’a repéré et l’a ainsi invitée à revenir en arrière au moment où le feu passait au vert, je pense que vous serez d’accord avec moi pour dire que Dieu ne manque décidément pas d’humour...