
Je suis née en Algérie, quatrième fille d’une famille où mon père espérait un garçon. Ma venue au monde a été une grande déception pour lui. Après ma naissance, ma mère est tombée gravement malade et elle n’a plus pu avoir d’enfants. Mon père a alors choisi de se remarier.
Une enfance bouleversée
Ma mère a été contrainte de retourner vivre chez ses parents, tandis que mes sœurs et moi restions avec mon père et notre belle-mère. Cette dernière nous maltraitait, et très tôt, nous avons connu la douleur et le rejet.
Un peu plus tard, ma sœur aînée est partie vivre chez notre grand-père. À l’occasion de son mariage, nous lui avons rendu visite et nous sommes restées chez lui. Mais deux ans plus tard, il est décédé, et nous avons été recueillies par notre oncle. Chez lui et sa femme, la vie était dure, les conditions précaires, et nous étions souvent bousculées d’un endroit à l’autre. Pourtant, cette instabilité a resserré nos liens : mes sœurs et moi étions très soudées.
L’angoisse de la solitude
Au fil du temps, mes sœurs ont quitté le foyer les unes après les autres. Quand la deuxième s’est mariée et que la troisième s’est fiancée, je me suis retrouvée presque seule. J’étais envahie par la peur de l’abandon, même quand j’étais entourée de gens. Cette angoisse est devenue encore plus lourde lorsque mon oncle a refusé que je reprenne mes études après mon échec au bac. Je me sentais sans avenir, sans repères, et profondément isolée.
Dans cette détresse, j’ai cherché Dieu avec plus d’ardeur selon l’islam qui était ma religion. Je me disais : « Si je veux que Dieu agisse dans ma vie, je dois accomplir tout ce qu’il attend de moi. » Alors, j’ai porté le voile, j’ai fait mes cinq prières quotidiennes, j’ai jeûné scrupuleusement pendant le ramadan. Je multipliais les efforts religieux, persuadée que plus je faisais d’œuvres, plus Dieu m’accorderait son secours. Mais malgré tout cela, je restais vide à l’intérieur, sans paix ni consolation.
Une invitation inattendue
Un été, ma sœur aînée - désormais installée en France - est venue nous rendre visite. En me voyant dans cet état de désespoir, elle a demandé à notre oncle la permission de m’emmener avec elle. Il a d'abord refusé, mais à force d’insistance, il a fini par accepter.
C’est ainsi que...