Depuis combien d’années es-tu malade ?
Je devais avoir environ 42 ans. Donc ça fait 22 ans.
À l’époque, je ne connaissais pas encore Dieu mais je sais maintenant qu’il était déjà aux commandes. Il m’a toujours donné le sourire, la gaieté, le goût de vivre et de la plaisanterie. Je continuais à m’amuser, à danser, à être heureuse comme maintenant. Les douleurs m’ont fait aussi comprendre ce que pouvait endurer ma mère lorsqu’elle était elle-même malade.
Comment la maladie a-t-elle évolué ?
Je venais de perdre ma mère et je commençais à être en colère contre Dieu. C’est à ce moment que mon état a commencé à empirer et que j’ai déprimé. Mais Dieu avait certainement tout prévu car il m’avait fixé rendez-vous cinq ou six mois plus tard. C’est à ce moment que je lui ai donné ma vie. Le deuil de ma mère a alors pu se faire en douceur.
Cela n’a pas empêché ma maladie d’empirer. Je faisais des hernies discales à répétition. Mais ça allait à peu près... Après quoi, il y a eu la paralysie. Et là, ça a été plus difficile. J’ai dû réapprendre à marcher. Cela a été très douloureux.
En as-tu voulu à Dieu ?
J’ai dit bien sûr plus d’une fois : « Pourquoi moi ? » Je voulais pourtant rester digne, je continuais à rigoler, mais une fois dans ma chambre, j’éclatais en sanglots. Ma voisine ne comprenait pas, je sortais de la chambre toute gaie et quand je revenais, j’étais en pleurs... Mais je n’ai jamais perdu ma foi.
Comme tout le monde j’ai parfois pensé : « Untel ne te sert pas, il va à l’église juste pour les mariages, les baptêmes, et pour lui tout va bien ». Mais en vouloir à Dieu, non ! Il ne m’a jamais laissée couler. J’ai eu des coups de blues d’une demi-journée ou d’une journée, mais le lendemain je retrouvais ma joie.
Fais-tu parfois des reproches à Dieu ?
Oui, ça m’arrive. Mais quand je réalise que les personnes que j’envie n’ont pas toutes la chance de le connaître, je lui dis : « Pardonne-moi Père, car c’est vrai que moi j’aurai la belle place en haut à côté de toi ». Le Seigneur m’a toujours donné cette gaieté, il m’a toujours fait remonter. Et plus encore depuis que je le connais.
As-tu tenté de marchander avec Dieu en lui disant : si tu me guéris ... ?
Non. Je n’ai jamais fait de deal avec lui. Même lorsque je priais pour mes enfants.
Est-ce facile de témoigner que Dieu guérit quand on est soi-même malade ?
Je l’ai encore fait la semaine dernière. Quand j’ai vu le médecin-chef et son interne, je leur ai dit que j’étais croyante et que Dieu m’avait guérie du lupus. Ils m’ont regardée bizarrement et sans m’en informer, ils ont fait les tests. Le jour de ma sortie, l’interne m’a dit : « Au fait, au sujet du lupus, c’est bon ». Je l’ai attrapé par le menton comme un enfant et je lui ai répondu : « Ne vous avais-je pas dit que le Seigneur m’avait guérie ? » Il a rigolé. Puis quand j’ai reçu le compte rendu de tous mes examens, j’ai vu qu’il était écrit noir sur blanc « Négatif » !
N’as-tu jamais éprouvé de l’envie en voyant que Dieu en guérit certains ?
Ce serait faire preuve de petitesse. Non, je suis contente pour eux. Dans ces cas-là, je me dis que peut-être qu’un jour viendra mon tour... si Dieu le veut. Je me rappelle aussi que Dieu a mis deux ans et demi pour me libérer de la cigarette et de l’alcool alors que je connais quelqu’un qui a été délivré de la cigarette le jour même où il a donné sa vie à Jésus. On ne connaît pas les plans du Seigneur. Quand je repense à l’état dans lequel j’étais, et que maintenant je peux marcher...
Certaines personnes justifient leur agacement parce qu’elles souffrent. Qu’en penses-tu ?
Aucun de nous ne peut se mettre à la place de l’autre. On ne peut pas non plus comparer nos douleurs. Celui qui a mal, a mal. Il n’y en a pas un qui souffre plus que l’autre. Je crois qu’il faut s’accrocher au Seigneur et remercier Dieu quelle que soit notre situation.
Tu remercies Dieu pour ta maladie ?
Oui, car je le fais pour toutes choses. C’est la Bible qui nous le demande. Bien sûr, il y a parfois ce fameux coup de blues, mais rapidement je retourne à Dieu. Ce n’est pas parce que nous rouspétons qu’il va nous guérir plus vite ! Il faut que les gens malades demandent au Seigneur de mettre sa joie, sa paix, sa sérénité dans leur cœur. C’est ce que je fais car le Dieu de l’Évangile n’est pas triste. Il est vrai que personne ne peut nous comprendre quand on n’est pas bien. C’est pour ça qu’on ne doit pas en vouloir aux gens quand ils ne nous comprennent pas. Je me dis que quand notre Seigneur voit que nous restons gais et heureux malgré nos souffrances, cela doit lui faire plaisir de constater que nous avons confiance en lui.