C'est un fait maintenant largement admis que le procès juif de Jésus, dans le quatrième Évangile, est un thème qui parcourt tout le ministère de celui-ci. La scène qui nous occupe ici (Jn 10,22-39) est typique de ce phénomè ne narratif : les Juifs entourent Jésus et le pressent d'affirmer clairement sa messianité (Jn 10,24), demande qui, dans les Évangiles Synoptiques, a lieu lors du procès devant le Sanhédrin (1) . Jésus leur répond en faisant é cho à son précédent discours, la parabole du berger, puis termine par l'affirmation insupportable aux oreilles des Juifs : « Moi et le Père nous sommes un » (Jn 10,30). Ces derniers crient au blasphème : « toi qui es un homme tu te fais Dieu » ! Là encore, il s'agit de l'accusation majeure du procès devant le Sanhédrin selon les Synoptiques. Et c'est en réponse à cette charge de blasphème que Jésus cite le Psaume 82,6a : « J'ai dit : vous êtes des dieux ».
En quoi est-ce que cette citation de l'Ancien Testament répond à l'accusation de ses contemporains ? Et surtout, qu'est-ce que Jé sus r évèle de lui par cette citation ? Comment comprend-il le Psaume 82 et comment l'applique-t-il à la situation présente ? Pour répondre à ces questions, nous présenterons un état des lieux de l'interprétation de cette section du quatrième Évangile, puis nous soulignerons deux aspects du sens du texte qui, à nos yeux, sont trop peu souvent remarqués par les exégètes. Il s'agit du caractère polémique de cette citation à l'encontre des Juifs, et de l'auto-révélation de Jésus comme le juge par excellence.
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