Introduction
Karl Barth (1886 – 1968), pasteur et théologien réformé suisse, a une ecclésiologie quelque peu originale, en tout cas au vu de son appartenance confessionnelle. Il consacre plusieurs parties du quatrième volume de sa Dogmatique à ce sujet, dans le cadre de sa sotériologie. Mais déjà plusieurs années avant de publier ces sections ecclésiologiques de sa Dogmatique (1) , Barth avait travaillé le sujet de l’Église à travers une série de conférences, qui ont été compilées dans le livre L’Église , publié par les éditions Labor et Fides (2) .
Force est de constater que tant dans ses conférences que dans sa Dogmatique , Barth n'épouse pas l'ecclésiologie réformée classique. Sur plusieurs points, il semble plutôt tenir des positions congrégationalistes, voire baptistes (3) . Mais est-ce vraiment le cas ? Si oui, peut-on pour autant qualifier toute son ecclésiologie de baptiste, sans nuancer ? Voilà ce à quoi nous essaierons de répondre ici.
Avant de commencer, il nous faut encore traiter une question méthodologique : comment faire dialoguer l'ecclésiologie de Barth avec une ecclésiologie de type baptiste ? Nous reprendrons pour cela les six thèses qui, selon Nigel Wright (4) , définissent ce type d'ecclésiologie. Nous les définirons succinctement puis essayerons de montrer en quoi Karl Barth s'inscrit en continuité, ou en discontinuité, avec celles-ci. Ces thèses concernent l'autorité de l’Écriture en matière d'organisation ecclésiale, le caractère professant de l’Église, le baptême de croyants, le sacerdoce universel, l'autonomie de l’Église locale et la séparation de l’Église et de l’État.
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